— Salut tout le monde ! Comment allez-vous ?

— Mag ! Mais … Attends-moi, s’il te plaît ! A chaque fois tu commences sans moi…

— Hey, les vacances ont été bonnes, Gaëlle ?

— Tu plaisantes avec ta question, au moins ?

— Euh …

— N’insiste pas, j’ai moisi ici tout l’été, tu le sais bien en plus…

— J’avoue… De mon côté, je me suis détendue sous le soleil.

— Oui, ça se voit, chanceuse!

— En même temps, ce n’est pas plus mal que tu n’aies pas été en congé… Tu n’as pas la déception et la mélancolie que j’ai maintenant que je suis de nouveau ici…

— Comment ça ? Je fantasme d’océan, de montagne, de bateaux, de hamac, même de vaches en pleine campagne ! Ne te plains pas, c’est indécent …

— Jamais ! Je suis épanouie, comme tu vois !

— Oh ! Tu as remarqué ? Nous n’avons pas utilisé de « r » ! C’est rare…

— Oui et tu viens de bien te rattraper ! D’ailleurs, savais-tu que le « r » est la septième lettre la plus utilisée en français ?

— … Et la première lettre c’est le « a »…

— Perdu ! Le « e » est largement en tête… Vive Wikipédia… D’ailleurs, pour ceux qui veulent en savoir davantage : cliquez ici.

— Excellent, voilà notre jeu du jour ! Produire un texte en s’interdisant l’usage d’une lettre !

— Chers tous, nous vous proposons aujourd’hui d’écrire sur les vacances ou la rentrée, entre 20 et 100 mots, en Lipogramme (merci OULIPO)… C’est-à-dire en choisissant délibérément de le rédiger sans jamais utiliser une lettre prédéfinie (à préciser dans votre commentaire). Vous avez le choix entre quatre niveaux de difficulté :

  • Niveau 1 : enlevez une consonne parmi : l, d, c, p, m, v.
  • Niveau 2 : interdiction d’utiliser le s, t, n ou r.
  • Niveau 3 : choisissez d’exclure une voyelle (a, e, i, o ou u). Et non, le y ça ne compte pas !
  • Niveau 4 : Double Lipogramme ! Choisissez deux lettres de votre choix à ne pas utiliser parmi les 22 lettres les plus utilisées de l’alphabet.

— Waouw ! Tu es sûre que c’est faisable ? Parce que c’est clair que c’est un super exercice pour réfléchir/enrichir son vocabulaire et apprendre à tourner ses phrases différemment pour parvenir tout de même au message que l’on veut faire passer, mais quand même ça me paraît compliqué…

— Mais oui ! Tiens, puisque tu hésites, nous allons montrer l’exemple ! Niveau au choix, toi sur les vacances, moi sur la rentrée… Prête à relever le défi ?

— Et tu m’offres mon séjour dans les Caraïbes ensuite ?

— C’est ça, on en reparlera…

— Les scribouillards, voici mon ode aux vacances sans « i », s’il vous plait !

La chaleur serpente et rend la couette superflue. L’astre du jour refuse d’aller se coucher. Les salles de classe et les cours ont perdu de leur éclat. Pas de doute, le vent nous souffle le couplet des vacances. Je rêve de mer, de sel, de sable chaud et de paresse. Me jeter dans l’océan et flotter comme un bouchon sur les vagues éclatantes. Le bonheur fondamental de ne pas penser au temps, à l’heure, aux engagements… Les vacances, le seul moment de l’année où tout n’est que présent.

— Et là ma rentrée, sans « e » !

Lundi matin, Paul s’anima, confus. Il n’avait qu’un brin dormi. Pourquoi aujourd’hui ? Il jura : « l’inaction, plus jamais ça ! ». Il sortit du lit, ôta son pyjama puis s’habilla d’un pantalon noir. Il choisit aussi un t-shirt abricot, plus rigolo. Il ouvrit son vasistas sans conviction. Son carillon tintait la chanson du Mistral. Non, il fallait grandir…

Un gros croissant plus tard, il finit son pain dans son bon chocolat chaud… Mmm… Ça apaisait un poil son mal, sans abus pourtant !

Il amassa ici trois crayons qu’il fourra dans son sac à dos, puis monta sur sa moto. Il partit ainsi au travail, sans un mot pour son papa, abasourdi d’avoir un fils si assidu. Plus tard, il jubilait. Aux copains, il raconta son mois d’août fou !

— Et tu crois que le quatrième niveau … ?

— Si, je te dis que c’est possible, regarde, sans « o » ni « c » (ni « h ») :

La muse, fatiguée, bailla bruyamment.

— Plume, tu m’uses ! Les idées d’artiste ne te manquent pas, mais il t’est pénible de les rédiger. Si tu m’expliquais l’élément perturbateur, je saurais t’apaiser… Mais tu t’entêtes à te taire. Ne m’en veux pas, plume, mais je préfère partir quelque temps, m’arrêter maintenant afin de mieux t’épauler par la suite. Je rêve de me détendre ailleurs, de me distraire des migraines d’auteurs. »

La plume, un brin vexée, finit par se résigner. La muse aussi peut aspirer à un peu de tranquillité…

— Parfait ! Prends le temps de t’amuser…

La plume ne put se retenir de penser : « Mais si tu n’es pas sur pied dès la rentrée, gare à la fessée! »

— Génial ! A votre tour, maintenant !


shutterstock_134639801 Dis Mag, tu préfères les congés ou le retour au boulot ?

 — Tu me poses vraiment cette question, maintenant, alors qu’ils se concentrent ?

 — Ben, quoi !

 — Ma foi, j’adore travailler, au moins autant que j’aime me reposer…

 — On parie que la plupart préfèrent les vacances ?

 — Tenu !