Bien comprendre les particularités entre les différents points de vue de narration est une étape importante avant de se mettre à écrire, au risque de compromettre votre œuvre en ne donnant pas les bonnes indications aux lecteurs. En effet, vaut-il mieux écrire du point de vue omniscient, interne ou externe ? Cette deuxième partie abordera le point de vue narratif interne.
- Le point de vue narratif omniscient
- Le point de vue narratif interne
- Le point de vue narratif externe
Définition du point de vue narratif interne
Le point de vue narratif interne, qui fut souvent utilisé dans le romantisme, s’oppose aux points de vue omniscient et externe. En utilisant ce point de vue spécifique, l’écrivain mêle la personnalité du narrateur à celle du personnage principal. Ainsi un narrateur interne ne peut-il partager que les évènements vécus par un seul et même personnage : il ne connaît pas les sentiments des autres protagonistes. Cependant, le narrateur interne est subjectif : son jugement est libre et indépendant des autres personnages.
Pour mieux comprendre ce qu’est ce point de vue de narration, il est possible de le comparer à une caméra de télévision. Cette dernière est située dans le cerveau du personnage : elle enregistre chacune de ses pensées et chacun des évènements se déroulant autour dudit protagoniste. Le roman peut donc être écrit à la première personne du singulier ou à la troisième personne du singulier.
Exemple de ce point de vue de narration
Le point de vue narratif interne offre au lecteur une vision du monde singulière : le narrateur perçoit le monde à travers les yeux d’un protagoniste. Sa vision du monde est d’ailleurs déformée par celle du personnage dont il est question : les évènements sont relatés de façon totalement subjective. Mais, pour mieux comprendre ce qu’est le point de vue externe, lisez le texte ci-dessous.
« Pourquoi ? Tel était l’unique mot qui se perdait alors dans les abîmes de mon cœur, déchirant çà et là les piètres lueurs d’espoir qui avaient osé un jour s’y ancrer. L’éclat de quelques soleils fabuleux s’était évanoui sous l’ardeur mortifère d’une nuit immuable, et mes yeux étaient devenus esclaves impuissants de cet éternel spectacle. Le doucereux parfum d’une mort impossible avait délaissé mon âme, et je n’étais plus en proie qu’à l’odeur exécrable d’un destin trop vivement écorché. Et même mon corps s’était oublié dans les méandres d’une douleur inlassable, rendant aux cieux et à leurs éclats ce qui leur revenait de droit. Je me languissais ainsi, espérant à chaque instant que la solitude se fût enfin lassée de moi… Hélas… Ma douleur était désormais rythmée par les mélodies furtives et laconiques d’un pendule qui emplissait mes nuits, et chacun de ses soubresauts n’était que déchirements en mon cœur… Le martyr de ma vie avait épousé celui de mon âme, et mon être n’avait de cesse d’attendre ce doux baiser qui allait enfin dissiper ses ténèbres… »
Dans ce texte, le narrateur est confondu avec le personnage : la vision du monde de ce dernier est présentée comme étant désenchantée et mortifère. Le lecteur connaît donc tous les sentiments du personnage principal, mais ne sait rien de ce que pensent les autres protagonistes.
Le point de vue narratif interne : points faibles
Le point de vue de narration interne présente quelques points faibles. Tout d’abord, l’écrivain ne peut présenter les évènements qu’à travers le regard d’un seul et même personnage et ne connaître les ressentis que d’un protagoniste seulement. En utilisant ce point de vue, la profondeur de la psychologie des autres personnages est donc souvent minimisée. D’autre part, chaque évènement doit être déformé pour correspondre à la psychologie du protagoniste en question. Enfin, il n’est pas possible de lever le voile sur des évènements que ledit personnage ne connaît pas : les intrigues peuvent donc être difficiles à dénouer.
Le point de vue narratif interne : points forts
En utilisant ce point de vue de narration, l’écrivain offre une place prépondérante au lecteur : celui-ci est placé au cœur même de l’intrigue. Le lecteur peut découvrir toute la profondeur d’un personnage, et cela lui permet de s’immerger totalement au cœur du roman. Ainsi le lecteur peut-il plus facilement se lier au personnage en question, car il a l’impression d’être dans la peau de ce protagoniste. Tous les sentiments ressentis par ce personnage ont un impact certain sur la sensibilité du lecteur, car il se sent concerné de très près par les souffrances et les joies de ce personnage.
Dans la troisième et dernière partie, nous verrons le point de vue narratif externe.
Écrit par : Manuel .G
Comment introduire un dialogue dans un récit utilisant le point de vue narratif interne.
Exemple :
Je n’avais jamais prêté attention à ces matins de novembre, lorsque le jour commence dans la nuit, lorsque pour prendre le bus scolaire il faut marcher a l’aveugle et dans le silence jusqu’à la petite cabane en bois servant d’abri bus.
Je n’avais jamais pris ces instants pour autre chose qu’un inconvénient. Habiter en province, loin de tout, lorsque l’on est une fille de seize ans et demi, pour certaines, c’est un drame, pour moi, juste une longue attente. L’année prochaine, après mon bac j’irais à la fac dans une vraie ville : Brest, Vannes et la vie commencera vraiment. Je ne suis pas impatiente sans doute parce que suis une fille calme, posée, discrète, invisible presque. On me le reproche souvent. Marine, ma meilleure amie me le dit souvent, j’ai du sexiness, le seul mot qu’elle a retenu en anglais, mais je ne sait pas m’en servir. Tiens, justement, la voilà :
– Faut pas rougir quand on parle de Louis, c’est carrément glauque. Maintenant tout le bahut est au courant.
Bonjour,
Je suis en train d’écrire un roman et j’ai une petite question par rapport au point de vue interne. Dans mon roman, le narrateur est l’un des personnages (appelons le Paul). Les lecteurs connaissent tout au long du roman les pensées de Paul mais j’aurais aimé qu’à la fin du roman, les lecteurs découvrent un élément auquel Paul a passé toute l’histoire à réfléchir sans que le lecteur en ait été mis au courant. Est-ce possible ? Ou est ce que dans le point de vue interne, il n’est pas possible de cacher certaines pensées du personnages au lecteurs ? Merci par avance pour votre réponse.
Cordialement
Bonjour,
Je souhaiterais savoir s’il est possible, selon vous, d’écrire le prologue ( et peut être l’épilogue afin de créer une certaine cohérence) à la première personne du singulier, puis écrire les chapitres à la troisième personne du singulier avec un narrateur omniscient?
Très bonne journée à vous.
Bonsoir,
Je vous contact car je suis actuellement en train d’écrire un roman mais une question me tarrode.
Je désire adopter une narration interne à la première personne.
Seulement, je souhaite faire intervenir deux narrateur. Étant donné que se sont les héros de l’histoire mais que l’un deux est déficient visuel et l’autre voit normalement. Ça permettra de raconter l’histoire sous deux angles différents. Mais, le problème qui se pose, s’est que je désire faire intervenire les narrateur chacun leur tour mais ne sais pas comment faire comprendre aux lecteurs qu’il y a un changement de narrateur.
Si vous pouvez m’aider, vous me serrez d’un très grand secour.
En vous remmerciant par avance,
Blindgirl
PS:
Désolée s-il y a des fautes, mais j’ai dû écrir ce message à la va vite.
Bonjour Blindgirl,
Je vais répondre à votre question dans la Lettre du Dimanche, dans deux semaines.
http://www.ecrire-un-roman.com/lettre-du-dimanche/
Eric
Bonsoir,
Je vous contact car je suis actuellement en train d’écrire un roman mais une question me tarrode.
Je désire adopter une narration interne à la première personne.
Seulement, je souhaite faire intervenir deux narrateur. Étant donné que se sont les héros de l’histoire mais que l’un deux est déficient visuel et l’autre voit normalement. Ça permettra de raconter l’histoire sous deux8ngles différents. Mais, le problème qui se pose, s’est que je désire faire intervenire les narrateur chacun leur tour mais ne sais pas comment faire comprendre au lecteur qu’il y a un changement de narrateur.
Si vous pouvez m’aider, vous me serrez d’un très grand secour.
En vous remmerciant par avance,
Blindgirl
PS:
Désolée s-il y a des fautes, mais j’ai dû écrir ce message à la va vite.
Bonjour à tous,
Je viens de lire ce petit article car je me suis très souvent posé la question de savoir quel point de vue utiliser pour écrire mon roman. Au départ, je suis parti de façon spontanée sur le point de vue interne, en prenant donc l’option du » Je « … alors que tout ce que j’avais écris jusqu’ici était avec le » il » (point de vue externe.
Alors j’ai continué sur cette lançée. Cependant, comme j’ai deux personnages principaux dans cette histoire (deux frères), je me suis dit : pourquoi pas passe d’un l’un à l’autre au fil des chapitres. Car finalement, on m’a touuours dit qu’il n’y avait pas de règles qui dans l’écriture nous obligent à suivre forcément ce qui s’est fait avant nous. En d’autres termes : l’auteur reste libre d’écrire comme il le ressent.
Toute la difficulté résidait donc (et réside toujours) dans mon roman, à passer d’un frère à l’autre de façon la plus claire possible. Pensez-vous que je pourrais marquer ces transitions en commencant chaque » nouvelle partie » par une petite phrase en italique qui mentionnerait le nom du frère qui va raconter la suite de l’histoire. Du genre : » Riley – 4 février » … puis » Junior – 10 février « … mais alors ca ferait plutôt » journal intime « . Ou alors pourrait-on presque considérer que ce serait un mélnage entre le point de vue externe et interne ? UN sorte de narrateur qui ne fait que citer le nom du personnage qui va parler… et ensuite je me retrouve en fait sur un » Je » qui fait évoluer le récit ? (je sais pas si je suis super clair là 🙂 ). mais en tous les cas j’ai vraiment l’envie de continuer sur un narrateur interne mais en passant d’un frère à l’autre.
Qu’en pensez-vous ?
Merci
Evee
Bonjour Evee !
Pour enfreindre les règles, il faut savoir les maîtriser, sinon ce n’est plus de l’art, c’est du hasard ! (Tiens ! Bonne idée, ce sera l’objet de la lettre de dimanche 😀 ).
Pour en revenir au point de vue : oui, tout est possible ! On peut faire un roman sous contrainte, pour travailler la forme… Tout dépend de la finalité de l’oeuvre : c’est cela qu’il vous faut d’abord éclaircir.
Si la finalité est de raconter une histoire et d’emporter le lecteur, les règles que les grands auteurs ont dégagées pendant des millénaires sont de véritables guides (car ces règles ne sont pas créées ex-nihilo ! Elles répondent à un besoin fondamental de l’homme).
Le « je » est plutôt la position du personnage principal, qui fait entrer dans l’histoire (ce qui est assez logique, puisque le lecteur s’identifie à lui).
Le « tu » pourrais être attribué à l’autre… Et il y aura une place pour le « nous »… Et pour le « il/ils »…
On pourrait imaginer alterner entre des chapitres où le narrateur écrit son journal, et d’autres où il reçoit une lettre de son frère… (cf. l’article sur le roman épistolaire)
Comme ça la place de chacun est préservée, tout en ouvrant à deux narrateurs internes.
ah c cool evee ; j’apprécie bcp
Je me demandais s’il était possible de faire un écrit en point de vue interne sans forcément l’écrire à la première personne du singulier ? Car je trouve que sur tout un chapitre, ça peut devenir lourd tous ces « je ».
J’ai écrit un chapitre comme cela et même si je trouve que c’est une bonne idée pour cerner au mieux un personnage, la répétition est quand même très présente (trop ?).
Très bon article
Après plusieurs essais à la première personne, j’ai décidé d’utiliser cette méthode pour mon tout premier roman. Dedans je dirais que l’inconvénient du point de vue narratif interne, c’est que mon personnage étant aveugle, il ne peut pas décrire de ce qui l’entoure, il ne peut que l’imaginer que par l’intermédiaire des autres personnages qu’il rencontre. Mais je pense que ça peut être un point fort car à partir de la description faite par les personnages au personnage central, cela permet de découvrir le monde de mon livre au fur et à mesure.
Après je en suis pas fermé sur d’autres avis sur la question
très bon didacticiel pour les écrivains en herbe comme nous 🙂 Cependant que penser de ceux qui agissent au feeling depuis le départ ( c’est mon cas). Suis-je voué à un échec certain? j’essaye malgré tout de prendre mon inspiration à droite et à gauche selon mes goûts et humeurs. Suis-je dans la faute? je me rends compte que j’ai toujours écrit sans suivre de schéma type. est-ce un handicap? j’aimerais connaître vos ressentis dans ce domaine. ça pourrait m’aider. Merci beaucoup 🙂
Les points de vue narratifs doivent surtout répondre à la façon dont tu souhaites décrire les évènements et faire passer l’information au lecteur.
Plusieurs points de vue narratifs peuvent être utilisés dans un roman. Rien n’empêche d’user des trois points de vue, à condition de faire comprendre aux lecteurs quand le changement s’opère et de lui éviter de se perdre en chemin.
Est-ce que tu as l’impression d’avoir utilisé le bon « cadrage » en choisissant tel ou tel point ?
Analyse tes textes et regarde le point de vue narratif que tu as utilisé régulièrement en suivant ton feeling. C’est le point de vue narratif que tu utilises naturellement.
L’écriture n’est jamais un exercice immuable. Le temps et l’expérience apportent des réponses et des solutions à sa propre façon d’écrire. Dire que tu es voué à un échec est faux. Le plus important et, je pense, d’avoir conscience de ce que l’on écrit ainsi que le pourquoi ?
Cependant, il est vrai qu’avoir le point de vue narratif en tête dès le départ permet d’avoir plus de cohésion et un meilleur contrôle par la suite puisque tu te seras « mieux » organisé avant ton écriture. Encore une fois, analyse tes textes et tu en sauras un peu plus sur ta manière d’écrire.
Bonjour je ne sais pas si on peu en narratif interne pour un livre jeunesse mettre des on à la place des nous ex on partis à la campagne, ou nous partîmes à la campagne, ce qui me paraît pompeux pour un livre pour enfant