Bien comprendre les particularités entre les différents points de vue de narration est une étape importante avant de se mettre à écrire, au risque de compromettre votre œuvre en ne donnant pas les bonnes indications aux lecteurs. En effet, vaut-il mieux écrire du point de vue omniscient, interne ou externe ? Cette troisième et dernière partie abordera le point de vue narratif externe.

Définition du point de vue narratif externe

En utilisant le point de vue de narration externe, l’écrivain confère à son œuvre une dimension objective et distante. En effet, le narrateur externe est totalement dissocié des personnages : il ne vit pas les différents évènements ni ne connaît les réels sentiments des personnages. Le narrateur externe ne fait que relater ce qu’il perçoit de la façon la plus objective possible : il voit la scène en tant que spectateur et ignore les ressentis et les pensées des différents personnages. Ainsi le lecteur a-t-il une position analogue à celle du narrateur externe : il voit des évènements se dérouler sous ses yeux, sans connaître la psychologie intime des protagonistes.
Pour mieux entendre ce que le point de vue de narration externe est réellement, on peut créer une analogie avec une caméra, qui serait en train de filmer une scène. Cette caméra est posée sur le sol et filme les différents personnages en n’émettant aucun commentaire. Le narrateur et les personnages sont donc dissociés : l’histoire est racontée à la troisième personne du singulier.

Exemple de ce point de vue de narration

Le point de vue narratif externe relate donc les différents évènements de façon extérieure et objective. Mais, si vous désirez mieux comprendre ce qu’est justement ce point de vue, lisez l’exemple ci-dessous.

Dès lors qu’il le vit, il s’arrêta de courir, comme si le poids de ses souffrances lui était devenu insupportable. Il n’eut de cesse de le regarder de ses yeux froids et suspicieux, d’où émanaient mille larmes, empreintes de plus de douleur que vous n’oseriez l’imaginer… Son regard devenait glacial à mesure que les instants passaient, et sa blême chair semblait le faire frémir jusqu’au cœur… Même sa voix en paraissait changée, comme si elle eût été témoin du plus abominable des crimes : « Que d’horreurs assaillirent ce jour somptueux, s’écria-t-il. Il me semble que le temps en devient infini ; ma peine dévore mon cœur comme le plus cruel des poisons ! Mon amante… Disparue, dissipée, envolée comme la brume d’une nuit d’été ! Et pourtant… Le sang vicié sur lequel mes yeux se posèrent aujourd’hui semble me crier, comme le plus traître des démons, que je ne la reverrais jamais ! »

Dans cet extrait, le narrateur décrit l’apparence physique d’un personnage, d’où découlent quelques suppositions quant à ses ressentis. Mais ce narrateur externe ignore ce que ressent réellement ledit protagoniste : ce n’est que lorsque ce dernier prend la parole que le lecteur apprend ses sentiments.

Le point de vue narratif externe : les points faibles

Le point de vue narratif externe présente quelques désavantages. Tout d’abord, l’écrivain doit se contenter de décrire les évènements : il peut donc difficilement donner de la profondeur à la psychologie de ses personnages. Il est par ailleurs plutôt difficile de nouer et de dénouer différentes intrigues : l’écrivain est piégé dans un carcan qui l’oblige à rester extérieur à son histoire et à ne pas développer ses personnages. D’autre part, puisque le romancier doit se contenter de relater ce que le narrateur voit, il ne peut expliquer les différentes intrigues au lecteur, ce qui peut être préjudiciable. Ce point de vue est à proscrire pour l’écriture de romans fantasy, car l’écrivain ne peut conter tous les secrets d’un monde fantaisiste que le lecteur ne connaît pas encore.

Le point de vue narratif externe : les points forts

Mais ce point de vue présente également quelques avantages. En effet, le lecteur est directement amené à contempler l’histoire en elle-même : il est surtout confronté à de l’action pure, car les sentiments des différents protagonistes sont difficilement développables. D’autre part, le lecteur découvre en même temps que le narrateur les évènements qui se déroulent : rien ne lui est caché, il ne peut donc pas se sentir perdu par des intrigues trop complexes. Mais ce point de vue permet aussi au lecteur de laisser parler son imagination : contrairement aux points de vue interne ou omniscient, le lecteur peut ici donner lui-même de la profondeur aux protagonistes et aux évènements.

Qu’en pensez-vous ? Quel est le point de vue que vous utilisez ? Et surtout, quel point de vue utilisez-vous le plus naturellement lorsque vous écrivez ?

 

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