Les figures de style dans l’écriture d’un roman sont nombreuses, très nombreuses, et il est important de connaitre en quoi consistent ces figures de style. Ces différents mini dossiers aborderont brièvement quelques-unes d’entre elles afin de vous familiariser avec ceux-ci. Dans ce premier mini cours, je tenterais de vous expliquer ce qu’est la personnification dans le roman.
Présentation de la personnification
La personnification, qu’est-ce que c’est ? C’est une figure de style, c’est-à-dire un procédé stylistique qui vise à exprimer une idée de façon plus frappante ou plus belle que ne le feraient les expressions courantes. Ces procédés stylistiques sont très nombreux : un dictionnaire comme le Gradus, de Bernard Dupriez, en recense pas moins de mille deux cents !
Que l’écrivain en herbe se rassure, personne ne les connaît tous… Et ce n’est, heureusement, pas une nécessité pour bien écrire. Les figures les plus connues sont sans doute la comparaison, la métaphore, l’antithèse… et la personnification. Cette dernière consiste à animer un objet ou une abstraction.
C’est dans les poèmes que les figures de style sont les plus fréquentes, car l’écart avec la langue courante y est plus grand qu’ailleurs. Mais l’on trouve des personnifications dans les récits aussi, et notamment dans les descriptions. La personnification permet de présenter les choses de manière plus vivante. En introduisant des intentions dans les objets inertes, elle traduit une vision du monde où rien n’est figé. On peut écrire un excellent roman sans l’employer, bien sûr, mais elle n’en fait pas moins partie de ces « outils » qu’il est bon d’avoir à sa disposition.
Exemples de la personnification
Les exemples ne manquent pas pour une figure aussi répandue. Le Gradus, qui est en quelque sorte la Bible des figures de style, cite une phrase de Marcel Proust :
« L’Habitude venait me prendre dans ses bras et me portait jusque dans mon lit ».
On voit que le concept d’habitude est devenu ici une sorte de substitut maternel.
On pourrait citer aussi ce moment de Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand, où Cyrano s’exclame :
« J’ai des fourmis dans mon épée ! »
C’est ici l’épée qui, implicitement comparée à une jambe, est comme animée. Avouez que l’expression est moins banale et plus marquante que
« J’ai bien envie de tirer mon épée » !
(Et remarquons au passage que plusieurs figures de style présentent des points communs avec la personnification : c’est notamment le cas de l’allégorie et de la métaphore.)
Limites du procédé
Le principal écueil de cette figure de style, c’est au fond sa facilité d’usage. Vous risquez bien, si vous n’y prenez garde, d’en abuser, et de verser dans le fade, le décoratif ou l’absurde.
On lit par exemple dans le journal d’un écrivain contemporain : « Le temps qu’il a fait ici s’est ingénié à lui donner raison ». L’emploi du verbe « s’ingénier » à propos du temps qu’il fait ne paraît pas très heureux. De telles personnifications donnent l’impression que l’auteur est incapable de s’exprimer avec simplicité. Et n’oubliez que dans ce cas, l’auteur c’est vous !
Si le début de votre récit se passe à l’aube, il vaut encore mieux écrire platement : « le soleil se levait » (ce qui, remarquez-le, est déjà une personnification, mais elle n’est plus senti comme telle) que de compliquer votre phrase en écrivant de manière ampoulée : « le soleil encore tout embrumé avait posé un pied à terre et s’apprêtait à démarrer sa journée ».
De tels détours risqueraient fort d’exaspérer votre lecteur au lieu de le séduire !
Nous verrons dans de prochains articles de nouvelles figures de style pour vous familiarisé avec ces procédés stylistiques et vous aurez bientôt accès à un article qui regroupera des liens pour approfondir le sujet et vous permettre de travailler dessus.
Que pensez-vous de la personnification ? Comment l’appliquez-vous au sein de vos textes ?
Écrit par : Manuel .G
auriez vous des personnifications pour un arbre?
Prouver vous m’aider sur la personnification du mots livre ???????????????
Est ce qu’il y a des auteurs que vous nous a part saint Exupéry
Des exemples d’auteurs
salut non j’ai pas.
Est-ce que vous avez des phrases avec un personnification dans la peur? 😉
La peur penetra dans ma peau
Tu as tout a fait raison ! 🙂
Oui, ça c’est sûr ! 🙂
Effectivement, peut-être que plus de personnes que je ne le pense utilisent ces procédés. Et si le jeune auteur tente d’en faire trop, ne serait-ce pas par ce qu’il a peur de ne pas en faire assez ? Enfin, c’est ce que je pense et après tout, nous avons tous des avis et des opinions différents.
C’est probablement la raison première, comme tu le cites. C’est naturel de vouloir en faire plus pour plaire.
Et Dieu merci pour les opinions différentes ! Autrement, le monde n’évoluerait pas 😉
Il est vrai qu’il y a des limites à poser. Un récit qui regorge de personnifications deviendra vite pompeux et difficile à lire pour le lecteur. Personnellement, j’utilise ce procédé quelques fois pour donner du style à des expressions.
Par exemple, j’aime utiliser l’accumulation qui permet de renforcer une idée. Ce souvenir était net, parfait, clair, précis, distinct. Où encore j’utilise souvent la comparaison. Son souvenir était bien présent dans son esprit, semblable à une pierre claire et nette taillée dans de la roche. J’aime également les métaphores. Je trouve qu’elles apporte de la force à notre texte. Néanmoins même si peu de gens utilisent ces procédés, je les trouve parfois très utiles. Bien sûr, il ne faut pas tomber dans l’exès et en faire trop.
Merci pour ta remarque. Effectivement, il faut savoir faire preuve de retenu par moment, et de ne pas trop exagérer. Cependant, je ne dirais pas que peu de gens utilisent ces procédés.
Au contraire, je pense que les figures sont souvent trop présentes, car le jeune auteur tente la plupart du temps d’en faire trop.
Certes, ce n’est pas forcément consciemment qu’on use de ces figures de style, car elles sont une manière naturelle de nous exprimer et d’exprimer avec plus de… style dans nos dires.
Dans l’utilisation des figures de style, personnification comprise, tout l’art de l’écrivain vient de sa capacité :
– à être juste, c’est à dire utiliser les figures de styles au bon moment et en s’adaptant au contexte. Dans le cas du vendeur de kébab, l’utilisation d’allitérations et d’assonances pour mieux plonger le lecteur dans l’ambiance, serait peut-être plus appropriée que la personnification !
– à innover, c’est à dire éviter de tomber dans les clichés (ceux-ci ont la déplorable habitude de s’imposer facilement à l’esprit de l’écrivain). Oublions donc « son sang se glaça dans ses veines », « belle comme une fleur », « ses cheveux dorés comme les blés » etc…
Ceci dit, que l’écrivain débutant ne se fasse pas de soucis, il n’est pas nécessaire de réfléchir pendant 2h à chaque phrase que l’on écrit ou de culpabiliser parce qu’on croit ne pas utiliser de figures de style. Comme tu le dis Manuel, se relire peut aider à découvrir de mauvaises surprises mais, on en trouvera aussi de bonnes ! Bien des fois, j’ai découvert après coup des figures de style dans mes textes !!!
Oui, il est important de ne pas s’embrouiller l’esprit dès le départ en passant trop de temps sur ce que l’on écrit. Avant tout pour une question de prendre l’habitude d’écrire.
Se relire permet aussi de trouver de bonnes surprises, c’est vrai, mais le problème en étant débutant dans l’écriture est de ne pas toujours réussir à discerner ces bonnes figures des mauvaises. D’où prendre le temps d’apprendre à être juste et d’éviter des clichés comme tu le dictes si bien. Ce qui passe, de mon point de vue, par une analyse de ces mauvaises figures en premier lieu.
C’est un procédé que j’utilise assez rarement pour la simple est bonne raison que mon style d’écriture ne s’y prête pas. Dès que je m’y essaye, j’ai un gros voyant rouge qui éclaire ma page: « ATTENTION, PROCÉDÉ POMPEUX ET LOURD. » (qui fait obligatoirement hausser les sourcils du lecteur… ).
Qu’il s’agisse de comparaisons « moultement élaborées », de personnifications, d’allitérations, de chiasmes ou de tout autre procédé stylistique, j’imagine que ce genre de chose est à utiliser avec précaution, et surtout à sa place.
Si le roman se déroule dans les bas fonds du quartier turque parisien et qu’un vendeur de kebab se met à philosopher sur « la beauté hypnotique de la sève incandescente qui s’écoule de l’arbre blessé » pour parler du gras de la viande, il n’y a rien de mieux pour casser l’ambiance… ^^
D’accord avec toi, il faut faire attention à ce qu’on utilise et comment on le fait.
Cependant, nous sommes tous, plus ou moins, utilisateurs de ces figures de style. Le plus souvent inconsciemment 🙂
Se relire nous laisse parfois de belles surprises !