Les jeux d’écriture sont une source illimitée pour prendre plaisir, s’améliorer et en découvrir plus sur les autres et soi-même. C’est pour cette raison que je vous donne pas moins de 14 raisons de pratiquer les jeux d’écriture… sans plus attendre !

Attrapez votre plume ou votre clavier virtuel : c’est parti 😉

.

Des jeux d’écriture pour se distraire :

1) Jouer pour jouer

A-t-on besoin d’une bonne raison pour jouer ? Je vous en propose treize ci-dessous, mais peut-être que la meilleure est celle-ci : on joue pour jouer ! La finalité du jeu, c’est le jeu lui-même ; ce qu’il offre en plus n’est que du « bonus ». Cela vaut pour les jeux d’écriture : bien sûr, ils ont beaucoup à vous apporter, mais vous les pratiquerez d’abord pour le plaisir qu’ils vous donneront. Le cruciverbiste emmagasine du vocabulaire, le tennisman se fait les biceps et le joueur de poker apprend à mentir, mais ce n’est pas dans ce but qu’ils jouent aux mots croisés, au tennis ou aux cartes !

2) Egayer les soirées

Les jeux littéraires sont un excellent moyen de se divertir en groupe. Avec des amis proches ou plus lointains, autour de la table d’un café ou avachis sur des sofas, en sirotant un thé ou un apéritif, on passe le temps plaisamment en pratiquant ces jeux. Ils ont sur la plupart des jeux de société l’avantage de ne nécessiter que très peu de préparation et très peu de matériel : quelques stylos, quelques feuilles de papier, et c’est parti. Ils permettent en outre à chacun de se mettre à l’aise et de s’exprimer.

3) (Re)découvrir ses amis

Autre avantage de ces jeux : on s’y découvre de façon bien plus profonde qu’en jouant à la belote ou au Monopoly. Ecrire, même par jeu, même pour divertir une tablée, c’est toujours se dévoiler. Vous vous étonnerez sûrement les uns les autres. Le timide qui n’ose pas trop parler en public se montrera souvent le plus spirituel ; le fort en gueule ne pourra s’empêcher, à la surprise générale, de faire dans le sentimentalisme ; la copine rigolote décrira en détail des meurtres horribles, etc. Vous verrez : après avoir pratiqué ces jeux, le Monopoly vous semblera bien fade.

4) Conserver des traces

C’est bien connu, les écrits restent ! Les jeux d’écriture peuvent avoir une fonction similaire à celle des photos. Les textes produits constituent des instantanés que vous serez sûrement heureux de retrouver plus tard. Relire ce genre de textes après quelques années, c’est se replonger dans l’atmosphère des après-midis ou des soirées passées, revoir en pensée l’ami perdu de vue ou qui a tant changé… Nostalgie garantie. Pensez à faire photocopier les meilleures productions, afin que chacun en conserve une copie.

 

Des jeux d’écriture pour progresser :

5) Enrichir son vocabulaire

Les jeux littéraires permettent d’enrichir son vocabulaire de plusieurs manières. Il y a d’abord un effet de « mise en commun ». Vous allez presque nécessairement employer des mots que vos partenaires de jeu ne connaissent pas ou connaissent mal, et inversement. Découvrir de nouveaux mots de cette façon est souvent plus efficace que de les découvrir dans des livres, car on a quelquefois la flemme d’aller chercher le sens d’un mot inconnu dans le dictionnaire, tandis qu’interroger un ami n’est pas très fatigant.

Et puis il y a les mots que vous allez employer vous-même, des mots que vous connaissez déjà, mais que vous n’utiliseriez peut-être pas spontanément, et dont le jeu va vous contraindre à faire usage. C’est l’un des avantages du jeu « logo-rallye », où chaque participant doit produire un récit contenant des mots déterminés (par exemple : canne à pêche, jalousie, bazooka, menstrues et parricide… Allez, j’attends vos productions !)

6) Améliorer son orthographe

Ce point est la suite logique du précédent. Avec les jeux d’écriture, on améliore son orthographe sans effort, presque sans s’en rendre compte. Avouez que jouer est plus plaisant que de faire des dictées…

7) Faire de nouvelles expériences littéraires

Vous êtes du genre à vous laisser aller à la routine ? Vous écrivez des romans et seulement des romans ? Des nouvelles et seulement des nouvelles ? Les jeux littéraires vous feront défricher de nouveaux territoires. Vous vous essaierez à des genres littéraires que vous connaissez mal ; vous vous aventurerez dans des types de textes qui ne vous sont pas familiers. De ces expériences vous tirerez toujours quelque avantage, même lorsqu’elles seront en apparence très éloignées de vos préoccupations habituelles.

Prenez les bouts-rimés, par exemple, ces poèmes que vous devez écrire en mettant à la rime des mots imposés. Eh bien ! vous verrez que s’exercer à la poésie peut s’avérer d’une grande aide pour écrire ensuite des récits. De la même façon, un bricoleur débutant prendra, en réparant de menus objets, des habitudes qui ne lui seront pas inutiles lorsque, devenu fou, il entreprendra de bâtir un palais de ses propres mains.

8 ) Apprendre à montrer ce qu’on écrit

Point important pour les timides et ceux qui manquent de confiance en eux ! Les jeux littéraires constituent une excellente occasion de partager ses expériences en matière d’écriture… sans le côté solennel qu’il peut y avoir lorsqu’on demande à un ami de lire le chef d’œuvre qu’on croit avoir écrit. Dans le cadre des jeux d’écriture, il est plus facile de montrer ses productions : en général, on ne s’y est tout de même pas investi autant que dans ce qu’on écrit pour soi.

Et c’est un premier pas vers ce qu’on pourrait appeler la « socialisation des écrits », ce processus qui fait qu’une activité solitaire et intime comme l’écriture finit – généralement – par acquérir une existence publique. Ce processus peut être pénible, pour peu qu’on soit un peu trop fier ou un peu trop timide. Les jeux d’écriture permettent de dédramatiser ce passage.

9) Tirer parti des critiques

Corollaire du point précédent : les petits jeux vont vous aider à faire bon usage des critiques. L’essentiel est de s’y habituer. Les discussions qui suivent les jeux littéraires, et dont l’objet est souvent d’évaluer les productions, favorisent une compréhension en douceur de ce qui plaît aux uns et aux autres, de ce qu’ils aiment dans votre écriture, de ce qui leur plaît moins, etc. Et parce que, encore une fois, les textes que vous écrirez lors de ces jeux n’auront pas pour vous autant d’importance que ceux qui viennent de vos tripes, vous serez plus à même de prendre du recul et d’entendre ce que vos lecteurs vous disent… sans sortir d’arme à feu.

10) Apprendre à évaluer les textes des autres

Conséquence de la mise en commun des textes : les jeux littéraires développent l’esprit critique. En se demandant pourquoi tel texte est plus réussi que tel autre, pourquoi ce récit tient en haleine alors que cet autre est ennuyeux, on affine son goût littéraire, on aiguise ses jugements et l’on progresse, en somme, dans sa connaissance de la littérature et de ses procédés.

 

 

Ecrire, tout simplement

 

11) Vaincre l’angoisse de la page blanche

Tout écrivain ou presque doit un jour faire face à la fameuse « angoisse de la page blanche », cette panne d’inspiration qui peut devenir un véritable blocage. Les jeux littéraires permettent de « relancer la machine » en douceur. L’enjeu est moins grand, on n’est pas obligé d’avoir du génie tout de suite quand on se contente de jouer. Mais l’air de rien, on a repris la plume, on s’est remis dans le bain et on est prêt à l’écrire enfin, ce chef d’œuvre que des millions de lecteurs attendent sans le savoir.

12) Développer son imagination

Parce qu’ils favorisent le libre essor de la pensée, les jeux d’écriture s’avèrent précieux pour développer l’imagination. L’émulation des partenaires, le cadre d’écriture inhabituel, les contraintes diverses, tout cela fait que des idées inattendues surviennent. Ces idées peuvent bien sûr être réutilisées ailleurs, mais surtout on prend l’habitude de les laisser venir. On devient petit à petit capable de se plonger à volonté dans cet état de réceptivité qui est si propice à l’inspiration (et cela, notez-le bien, sans user d’aucune drogue).

13) Créer sous la contrainte comme les oulipiens

Vous l’avez compris, il y a de nombreuses manières d’envisager les jeux d’écriture. L’une des plus originales est celle de l’Oulipo (comme « Ouvroir de Littérature Potentielle »). Les oulipiens appliquent le célèbre principe d’André Gide selon lequel l’art vit de contrainte et meurt de liberté. Ils inventent donc des contraintes… et produisent des textes qui les respectent. L’un des plus fameux exemples est celui de La Disparition, livre de Georges Perec écrit sans le moindre e.

14) Explorer l’esprit à la façon des surréalistes

Les surréalistes pratiquaient également les jeux d’écriture, mais les buts qu’ils poursuivaient n’étaient pas purement littéraires. Il s’agissait de libérer l’esprit par le jeu, d’explorer l’inconscient, de provoquer des coïncidences, bref, de partir à la rencontre du « surréel ». Le jeu d’écriture le plus connu est sans doute celui du cadavre exquis (où l’on compose une phrase à plusieurs, chaque « joueur » proposant un membre de la phrase sans savoir ce qu’ont imaginé les autres), ainsi nommé parce que la première phrase formée selon cette méthode fut la suivante : « Le cadavre exquis boira le vin nouveau ». Allez, c’est maintenant votre tour de déterrer quelques-uns de ces exquis cadavres (ces exquis mots, comme dit Patrice Delbourg).

Et vous ? Quelles raisons donneriez-vous pour pratiquer les jeux d’écriture ?

Expliquez-moi grâce aux commentaires 😉

 

Écrit par :

Crédit : L’Anthologie des jeux avec les mots – Alfred Gilder