Cet article participe au rendez-vous mensuel « Mots éparpillés » de Margarida Llabres et Florence Gindre, projet inspiré par « Mots sauvages » de Cécile Benoist.

Pour permettre à nos membres de participer à ce concours, nous avons mis en place sur le forum d’écrire-un-roman un nouveau jeu. Ce dernier permet de sélectionner un texte gagnant que nous affichons dans cette rubrique, chaque mois.
Sans plus attendre, voici celui qui a été sélectionné ce mois-ci :

ATTENTION – Texte pour public averti.


Je voulais le rejoindre pour lui faire la surprise ! L’après-midi, il fermait son magasin de sport pour faire une sieste.
Ah le sport ! Sa grande passion ! Quand je l’ai connu, il ne se sentait pas à la hauteur, il était inimaginable qu’une fille comme moi s’intéresse à lui. Il se trouvait moche et gros, alors il s’était mis au sport.  Ça passait avant moi désormais, alors même que nous étions ensemble depuis deux ans.
— Sport for ever ! criait-il en allant à la salle de muscu.
C’est donc logiquement que ce crédo est devenu le nom de sa boutique.
J’étais là, devant sa porte, pour faire de sa sieste quotidienne une sieste crapuleuse.
Aux cris qui s’échappaient dans le couloir, il ne m’avait pas attendue, ou alors son engin était coincé dans sa braguette.
J’ouvris doucement la porte. D’autres cris, féminins ceux-ci, rejoignirent les siens. Ma main se saisit d’elle-même d’une paire de lourdes haltères posées sur le sol. À pas feutrés, je me dirigeais vers les couinements.
La fille chevauchait mon homme sur le lit, je la frappais en premier. Il resta interdit, la bouche en un O parfait.
Calmement, je me mis à sa hauteur, leva bien haut les haltères, prête à cogner.
— Attends bébé, calme-toi, ça ne signifie rien !
Je mis toute ma force dans le mouvement et l’haltère droite s’abattit sur sa tempe.
Je redonnais un coup à sa maîtresse. Juste pour être sûre.
En sortant je passai devant le rideau fermé de sa boutique et sorti ma craie pour y inscrire l’épitaphe de son propriétaire, et prévenir aussi qu’il n’ouvrira pas de sitôt.
Sieste for ever.

Texte de Chamunda (Claire)

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