Bonjour à tous ! :) Cet article participe au rendez-vous mensuel « Mots éparpillés » de Margarida Llabres et Florence Gindre, projet inspiré par « Mots sauvages » de Cécile Benoist.

Pour permettre à nos membres de participer à ce concours, nous avons mis en place sur le forum d’écrire-un-roman un nouveau jeu. Ce dernier permet de sélectionner un texte gagnant que nous affichons dans cette rubrique, chaque mois.
Sans plus attendre, voici celui qui a été sélectionné ce mois-ci :

– Mais je t’aime !
– Tu ne peux pas aimer, ton cœur est une brique. Vas-t-en !
Je me réveille en sursaut, comme à chaque fois que je fais ce rêve. Ce souvenir me hante chaque nuit. Je revois sans cesse son visage défait, tandis que je claque la porte entre nous. C’était il y a dix ans. Ça me semble une éternité, mais aussi tellement proche. Comme si, hier encore, son souffle froid se propageait sur ma nuque, en cadence avec ses baisers échauffés.
J’avais seize ans, il en avait dix-huit, et c’était mon premier amour. Tout était si intense avec lui, comme si je vivais mille vies en même temps. Le temps s’accélérait, en rythme avec nos cœurs.
C’était notre première dispute. Et la dernière. C’était parti d’une bêtise dont je ne me souviens qu’à peine. Il m’avait dit qu’il m’aimait, mais je l’avais repoussé. Et il était parti.
Il conduisait trop vite.
Je me lève et sors pour prendre la voiture. J’ai besoin de retourner sur les lieux de l’accident, comme s’ils m’appelaient, comme si j’avais encore besoin de les voir pour le croire. Pourtant, l’endroit n’existe plus vraiment : sur le champ où sa voiture s’est crashée, un bâtiment a été construit, qui m’a privée de mon recueillement. Mais je n’ai nulle part d’autre où aller.
Tandis que j’erre dans le lieu, montant et descendant les escaliers, mon cœur s’accélère. Je m’immobilise et les larmes montent dans mes yeux.
Sur le mur, une phrase.
« Ton cœur est une brique ;
Oui, mais il ne bat que pour toi ».

Texte de Laura (Aur)

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