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Cimentation dans la cavité de l’os – La base de l’intrigue.

Alors, ça y est ? L’inspiration est venue et vous détenez l’idée du siècle ?

Alors, il est grand temps de passer à l’opération suivante et de « structurer » un peu tout ça ;). Comme évoqué précédemment, votre idée de base doit inclure un contexte et une intrigue. C’est là-dessus que va partir le reste du travail de formation du synopsis.

1. La peau : c’est ce qui entoure le roman, le contexte. Ça peut être très simple ou très alambiqué. Ça part du monde réel avec, par exemple, un quartier riche à New-York, et ça peut aller jusqu’à un monde complètement inventé. Dans ce cas, il vous faudra beaucoup de travail pour le mettre clairement au point dans votre esprit. Ce n’est pas que le lieu et l’époque, c’est aussi, par exemple, la situation actuelle [dans un monde où les criminels sont arrêtés avant qu’ils aient commis leur délit (Minority Report)] ; c’est un contexte.

2. Les veines : c’est ce qui constitue le roman en lui-même, l’intrigue. Elle part d’un élément perturbateur qui vient troubler la situation initiale (ce qui fait débuter l’histoire) et finit par la résolution, donnant sur une situation finale (quand tout finit bien… ou mal !). C’est plutôt à l’intrigue que nous allons nous intéresser dans Book’s Anatomy.

Une petite prescription médicale pour votre intrigue : ne cherchez pas à trop en faire (et c’est valable aussi pour le contexte). Ne cherchez pas à faire trop original, ne partez pas dans plein de directions différentes, ne mélangez pas tout et n’importe quoi. C’est probablement là la principale erreur des apprentis scribouillards.

Comme le chef de service (Éric) me l’a dit un jour (je paraphrase) : « ce qui compte, ce n’est pas que l’idée entre dans la catégorie du « jamais vu », qu’elle ne ressemble à rien de connu… Ce qui compte, c’est la façon de la faire découvrir, de l’écrire. C’est là que vous lui donnerez son originalité et sa valeur. »

Gardez cela en tête, tandis que nous enfilons nos blouses blanches pour continuer :

Première étape, installation de la prothèse de résolution. On choisit notre fin ! Hé oui, ça peut sembler curieux de commencer ainsi, pourtant c’est là le plus important de tout roman et c’est ce qui doit être connu en priorité.

« Pourquoi, doc’ ? » Car tout votre roman doit être construit vers et pour cette fin.

Chaque évènement, dans votre roman, a une importance par rapport au but final, à ce à quoi vous voulez arriver à la fin de votre récit. Essayez même de donner un sens aux petits détails : ça n’en rendra votre roman que plus riche lorsque, à la fin, le lecteur découvrira que tout suivait une logique particulière ! Un exemple à prendre, en la matière, est l’art des histoires policières. Lorsque vous découvrez le coupable, soudainement, tous les évènements décrits précédemment, tous les éléments, prennent leur sens et il vous semble alors que cette fin est absolument logique. C’est ce qui permet d’éviter la sensation d’une résolution hasardeuse, avec des éléments sortis de nulle part qui, comme par miracle, sauvent la situation : ceci est à éviter comme la peste, c’est ce qu’on appelle un Deus Ex Machina.

Réfléchissez bien et définissez votre fin : à la fois globale et d’un point de vue plus personnel (par rapport à votre personnage et sa quête propre).

Autre petite précision : il faut que votre fin soit satisfaisante. C’est-à-dire que vos lecteurs doivent avoir l’impression d’une vraie fin. Même lorsqu’il y a un deuxième tome ! On doit sentir que l’intrigue de ce tome-ci est bel et bien finie. Par exemple, dans le Seigneur des Anneaux, à la fin du premier tome, certes l’Anneau n’est pas détruit et on sait que ça va continuer, mais le problème propre au tome (amener l’anneau à Foncombe) est résolu.

Deuxième étape, sutures des plans ouverts. Boucher les trous. Voilà, vous avez votre but et votre situation initiale. Vous trouvez l’élément perturbateur, les péripéties et la résolution, par rapport à ce qui a été dit ci-haut, et écrivez le synopsis tel que vous l’avez pour l’instant.

Plus qu’à suturer: mettez-vous à la place du lecteur et lisez votre synopsis. Réfléchissez aux grandes lignes, voyez où il vous manque des éléments, où ça manque de sens, où c’est trop hasardeux. Notez toutes les questions sans réponse, les non-sens, les manques, etc. Tout doit se coucher dans votre calepin. Soyez intransigeant !

Ensuite, vous n’avez plus qu’à essayer de répondre. Soyez logique, il ne faut pas que ça soit tiré par les cheveux, ça doit avoir l’air naturel, évident, par rapport au reste de votre intrigue.

Si vous bloquez sur certains éléments, faites une séance de brainstorming en gribouillant sur papier ou parlez-en avec quelqu’un, mais évitez de rester trop longtemps sur une question. Ça ne vient pas ? Passez à la suivante, vous reviendrez à celle-là plus tard, ou peut-être même que la réponse vous viendra d’elle-même quand vous ne vous y attendrez pas.

 

Voilà, votre ossature est en place, plus qu’à l’habiller d’un peu de chair ! Dans le prochain article, nous nous intéresserons à la menace. Alors, rendez-vous le mois prochain 😉

 

Aur