« Bonjour,

J’ai regardé la vidéo {comment créer vos personnages de romans} mais je n’ai pas compris en quoi un petit enfant peut devenir l’archétype du mentor.

Est-ce que tu as une boîte à outils sur les archétypes ou une vidéo qui me permettrait de mieux comprendre ?

Merci ! »

Marine

Imaginez un bébé avec une longue barbe blanche, regardant les étoiles avec sagesse, citant des sentences millénaires…

Vous le visualisez ?

Parfait.

C’est peut-être ça que certains s’imaginaient quand je parlais de « bébé mentor » dans ma dernière Lettre du Dimanche

mais ce n’est absolument pas ça que je voulais dire.

Heureusement que Marine m’offre l’occasion d’expliciter !

 

Ce qu’il faut comprendre c’est que l’archétype relève du rôle logique, de la position du personnage vis-à-vis de la « quête ».

Bon, ok, dit comme ça, c’est un peu abstrait et ça demande quelques prérequis (pour vous donner un ordre d’idée, je n’explique ça dans la formation Structurez votre Roman qu’à la 10e semaine, après avoir montré les fondements essentiels aux personnages et à l’intrigue).

Alors, prenons un raccourci en reprenant l’exemple du bébé « mentor ».

 

Je pars du principe que ce bébé est bien un bébé « normal » comme on les connait, avec des joues potelées qui babillent et des petits doigts de pieds qui bougent quand on les caresse. C’est la partie apparente du personnage.

Je choisis sciemment le bébé pour limiter les interactions, afin de ne pas être tenté de lui faire « dire » des paroles sages.

Pour l’exercice, donc, je veux lui donner le rôle de Mentor.

Bon, je n’ai pas encore de Quête, mais peu importe, je la trouverai plus tard. Je me concentre sur le rôle logique de mentor pour l’appliquer au bébé. Remarquez, ça peut très bien être le début d’une histoire : en creusant on pourra mieux évaluer l’idée.

Un Mentor représente la « conscience » de l’histoire. Il guide le protagoniste en montrant l’ordre.

Ce rôle logique, le bébé ne pourra pas le tenir activement. Il devra donc guider, montrer cet ordre par sa présence même.

Comment la présence d’un bébé peut-elle guider ?

Concentrons-nous sur le bébé. Je liste en vrac un certain nombre de caractéristiques plus ou moins propres au bébé :

  • il est fragile ;
  • il est dépendant ;
  • il est confiant ;
  • il est plein de vie ;
  • il peut être presque chauve ;
  • il ne parle pas ;
  • il ne peut pas se défendre ;
  • il a une grosse tête par rapport à son corps ;
  • on lui colle des couches aux fesses ;
  • il sait hurler quand il a faim ;
  • il regarde partout ;
  • il peut être attachant…

Il faudrait continuer.

Pour chaque élément, on pourrait trouver des rôles différents de Mentor dans une intrigue différente à construire autour.

Prenons par exemple la confiance absolue en celui ou celle qu’il connaît. C’est par là qu’il montrera la voie au protagoniste.

Remarquez, la Confiance est aussi l’apanage du Mentor. Je fais d’une pierre deux coups, ce n’est pas tout à fait gratuit.

Il faut maintenant que la Quête du protagoniste soit adaptée (oui, parce que je pars du bébé-mentor pour l’exercice, vous me suivez ?).

Quelle Quête pourrait coller avec l’ordre de Confiance ?

Qui serait le protagoniste ?

Cherchons l’histoire dans laquelle il trouvera son rôle. Où peut-on trouver des bébés ?

Dans une famille… OK. C’est la solution la plus simple.

Trouvons le protagoniste, celui qui porte la Quête.

Allez, prenons la mère.

La simple présence du bébé lui montrera à un moment précis qu’il faut faire confiance.

Elle doit apprendre à lâcher prise pour atteindre son but, en laissant faire ceux qui s’occupent d’elle.

Comme son bébé.

Le voilà, notre Mentor.

Bien sûr, il faut maintenant mettre en action cette confiance, pour que la mère prenne conscience de cet ordre.

Pour bien le contraster, il faudrait par exemple que la mère soit sur le point de « trahir » la confiance du bébé. Le mettre en danger. Peut-être qu’elle pourrait s’en vouloir.

Et elle se rendrait compte que lui, il ne lui en veut pas.

Qu’il garde une confiance absolue.

C’est un exemple un peu extrême, pour les besoins de la cause. Ce n’est pas réellement le bébé qui lui formule la voie qu’elle doit suivre, c’est elle qui en prend conscience face à son amour et à sa responsabilité. D’accord. Mais le rôle logique est bien là. C’est le bébé qui sert de mentor, par son existence même.

 

Un autre élément logique du mentor, c’est l’inertie.  On peut l’utiliser. Eh bien ! Le bébé s’opposera (passivement là encore) au changement trop brutal. Il a besoin de stabilité. Par exemple, des parents qui ne se séparent pas.

La mère pourra en tenir compte dans sa Quête… ou pas, si l’on veut qu’elle échoue.

Exercice : inventez un Mentor « Ombre » !

  1. Allez à vous : imaginez le résumé d’une histoire courte (trois paragraphes) avec un mentor dans la peau d’une ombre !  (vous avez carte blanche pour interpréter cette contrainte).
  2. Si vous êtes inspiré, rédigez aussi la scène où l’ombre joue son rôle de mentor (une scène un peu avant le climax, où le mentor met le paquet, avant le passage du subversif).

Postez-les ici en commentaire ou sur Facebook, (ou les deux) au choix !

 

AU BOULOT !

Eric

PS. Que pensez-vous de cette façon d’écrire les archétypes ?