Les rêves.

Kate me tanne pour que je vous en parle dans une Lettre du Dimanche. J’ai résisté plusieurs mois. Aujourd’hui, je rends les armes. 😉

Mais c’est de bonne grâce, à vrai dire, car le sujet est particulièrement savoureux pour l’auteur que vous êtes.

D’ailleurs, j’avais évoqué le sujet il y a plus d’un an (punaise… plus d’un an ! Ça en fait des Lettres du Dimanche… ça me donne le vertige).

Trêve de parenthèses, plongeons dans le rêve.

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Je ne vais pas aller trop loin aujourd’hui car nous ne sommes pas tous égaux face à nos rêves nocturnes. Certains se réveillent et peuvent remplir des romans entiers. D’autres lèvent les épaules et avouent « qu’ils ne rêvent pas ».

La science a mis longtemps à étudier ce phénomène étrange. De sorte qu’on n’avait que l’aperçu subjectif, largement influencé par Freud et sa théorie de l’inconscient.

Il faut dire qu’étudier les rêves objectivement semblait difficile. On ne pouvait se baser que sur les souvenirs du rêveur. Autrement dit, sur sa propre interprétation, subjective.

Bien sûr, on savait planter des électrodes sur le crâne des dormeurs pour essayer de capter leur activité cérébrale… et encore : imaginez-vous dormir branché de partout ou sur un lit dur, sans pouvoir bouger… Alors, oui, on avait repéré les différentes phases de sommeil et on pensait que le sommeil paradoxal abritait les rêves…

D’autres pensaient que les rêves étaient générés en quelques instants par le cerveau au réveil La temporalité ne les gênait pas, le cerveau est capable de ce genre de prouesse : regardez ce dont il est capable quand vous regardez une BD. Quelques images suffisent pour raconter une histoire !

 

Aujourd’hui, on en sait un peu plus. Grâce à ceux qui font des rêves lucides : ils ont conscience de rêver et peuvent « communiquer » avec le scientifique grâce aux mouvements des yeux ou faire des actions précises dans leur rêve selon un scénario préétabli.

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De ces recherches, on sait d’abord que nous rêvons tous, même un peu pendant le sommeil profond.

Ce qui est encourageant pour les moins bien lotis qui ne s’en souviennent pas (j’y reviens plus bas pour donner une marche à suivre).

 

Pendant un rêve, le cerveau est déconnecté du monde.

Enfin… pas complètement : comme je disais, on peut communiquer a minima. Par exemple envoyer des signaux lumineux à un rêveur : dans son rêve, la lumière ambiante changera au même rythme. Je crois d’ailleurs qu’il existe dans le commerce des lunettes qui captent les ondes cérébrales et émettent des signaux caractéristiques pour que le dormeur se rende compte qu’il rêve et entrer dans un rêve lucide.

Le cerveau rêveur fonctionne presque comme s’il était éveillé, excepté la motricité (on comprend pourquoi… les rêves étant toujours très mobiles, ce serait très dangereux de pouvoir bouger) et la planification (sauf pour les rêves lucides).

La censure est au repos.

L’imagination tourne sur elle-même, mêlant souvenirs brûlants, images chocs, musiques entêtantes, désirs bouillonnant dans son creuset fantasmagorique. La logique rationnelle n’a plus cours.

Les psychanalystes y trouvent la porte sur l’inconscient.

D’autres y voient une préparation du cerveau à l’activité du lendemain.

Les scientifiques ne connaissent pas encore vraiment son utilité.

Mais les auteurs, eux, peuvent y piocher des idées créatives.

Et c’est là où je voulais en venir, évidemment.

Que faire pour vous souvenir de vos rêves ?

Si vous pensez avoir un sommeil « sans rêve », c’est que vous ne vous en souvenez pas. Les rêves sont étroitement liés à la mémoire.

C’est bête, mais comment faites-vous pour vous souvenir de quelque chose ? Quand vous êtes éveillé, j’entends…

Hum ? J’en vois au fond de la classe qui ont justement des problèmes de mémorisation.

OK je sors la trousse de secours SOS Mémoire !

Hop !

Premier conseil :

Heu…

Ah mince j’ai oublié…

Bon, ok, il est trop tôt pour ce genre de blague.

La première chose à faire pour mémoriser est d’avoir le projet de se souvenir.

Oui, j’ai déjà parlé de cette projection au sujet d’un texte d’Hugo. On la retrouve souvent. C’est central dès qu’on touche au mental.

 

Avant même d’écouter en cours ou de lire la Lettre du Dimanche, si vous voulez qu’il en reste quelque chose, il faut vous mettre en tension mentale vers cet objectif. Vous représenter en train de retenir ce que vous allez lire ou entendre, pour vous en souvenir plus tard. Sinon, bah ça ne sert pas à grand-chose, voyez-vous ?

Eh bien pour les rêves, c’est à peu près pareil.

Oui, ok, dans un rêve vous n’êtes pas conscient. Les rêves lucides, c’est pas pour tout le monde (je vous souhaite d’en découvrir la fraîche liberté).

Alors comment faire ?

  1. Préparation mentale avant de vous endormir : dites-vous que vous allez être attentif à vos rêves. Soyez patient, ça ne viendra peut-être pas les premiers jours.
  2. Préparation logistique : placez un carnet, un crayon et une petite lampe (type veilleuse, ça vous permettra de vous rendormir plus rapidement ; ou votre portable fera l’affaire).

Si ça ne vient vraiment pas au bout d’une semaine ou deux, c’est que vous dormez trop profondément.

En effet, le rêveur ne se souvient de ses rêves que s’il se réveille quelques instants pour l’inscrire dans sa mémoire à long terme.

Alors essayez de vous réveiller en pleine nuit de week-end (4h ou 5h du matin), puis rendormez-vous. Votre sommeil suivant devrait être plus léger et vous vous souviendrez peut-être de vos rêves au second réveil.

L’idéal, évidemment, serait de connaître vos cycles de sommeil et de viser un réveil en cours de sommeil paradoxal. Certaines applications sur les smartphones le proposent.

  1. Une fois que vous vous réveillez et que vous venez de rêver, ne bougez plus. Littéralement (enfin, si, continuez quand même à respirer). Le rêve est souvent très volatile et il faut faire l’effort de se souvenir de l’ensemble pour le garder plus longtemps. Si vous changez de position, vous risquez de le faire partir. Je ne sais pas pourquoi. C’est du vécu. Si vous avez bougé, revenez à la position que vous aviez avant de vous réveiller. Et faites l’effort de reprendre les grandes étapes de votre rêve.
  2. Une fois que vous les avez accrochées, écrivez-les (quelques mots clés suffisent si c’est en pleine nuit). Puis rédigez votre rêve complet dans la journée.

Que faire de vos rêves

Il vous arrive sans doute de rêver des histoires abracadabrantes ? Ne les jetez pas trop vite !

Les rêves sont toujours chargés émotionnellement. Je pense qu’ils sont étroitement liés aux histoires, la logique en moins.

Un roman n’est pas une thèse. Bien sûr, il doit s’appuyer sur la logique. La plupart des histoires bancales se corrigent grâce à une structuration bien huilée.

Mais le feu qui l’anime, c’est l’émotion ! Tout doit y guider, s’y régénérer.

Dans le rêve, vous toucherez du doigt vos désirs profonds, vos passions tumultueuses les plus intimes.

Attention, cette énergie brute n’est pas encore une idée de roman, même si elle vous semble couler de source. Il faudra la purifier, la simplifier pour en extraire l’essence.

Encore une fois, un roman est un mélange subtil où l’émotion est servie par la logique. Si votre rêve vous parle, il faudra une bonne dose de travail conscient pour le structurer et le communiquer sous la forme d’une histoire.

 

À propos de travail…

Au boulot !

Eric

PS. Et vous, utilisez-vous déjà vos rêves dans vos romans ? Si oui, comment faites-vous ? Partagez en commentaire !