— Salut, Magali ! Comment vas-tu en ce dimanche ?
— Je vais bien, merci. Pour chercher de l’inspiration, j’ai relu des extraits de Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand.
— J’adore !
— Moi, ce n’est pas mon histoire favorite, mais je dois avouer que je reste à chaque fois subjuguée par la fameuse tirade du nez.
— Exquise, oui.
— C’est vraiment un exercice de style intéressant. Et dire qu’il brode tout son discours autour d’un simple « nez » ! « Très grand », certes, mais quand même !
— La prouesse n’en est que plus réussie. D’ailleurs, si on proposait ce jeu à nos amis ?
— Excellente idée. Chers scribouillards, nous vous invitons à décrire une partie du corps ou un objet simple en utilisant au moins trois des styles proposés par Cyrano. Vous pouvez, évidemment, en inventer d’autres !
— C’est à vous !
[le texte pour rappel]— Je sens qu’on va se régaler à lire leurs textes.
— Et rire aussi, j’espère !
— J’en suis certaine.
Tous les matins, mon miroir me renvoie une image que je ne reconnais pas. Quand je compare une photo à mon reflet, j’imagine aisément qu’un sosie m’ait remplacé devant l’objectif. Alors aujourd’hui, c’est décidé, je résous ce mystère.
J’entre dans la salle de bain. J’allume la lampe se trouvant au-dessus du miroir. Et c’est parti. Avec curiosité, je regarde, je scrute. Mais qu’est-ce donc là, une excroissance ? Un implant ?
Je me sens désabusé. A coup sûr, elle n’était pas là, avant. Ce n’est pas possible. Je l’aurais remarquée.
Et je reste là, à regarder fixement ce miroir et son résultat.
Mais, je passe vite de l’espoir à la colère. Elle ne me résistera. Je vais l’arracher, la supprimer, l’amputer !
Non mais c’est vrai quoi… Je n’ai pas encore quarante ans. Je ne vais pas me laisser envahir par une mèche de cheveux blancs…
Petite correction :
« Mais, je passe vite de l’espoir à la colère. »
Il faut lire « désespoir ».
Bonjour ! La scène est agréable à lire, mais ne correspond pas vraiment à la consigne…
Hello ! Alors voilà, j’ai essayé avec presque tous… pas évident !
― Eh, vise un peu le boule de cette meuf !
La jeune femme, ayant entendu, se retournât :
― Ah non, c’est un peu réducteur, jeune homme ! Vous auriez pu faire montre d’un peu d’imagination et de théâtralité. Par exemple :
Agressif : Si j’avais un cul pareil, je louerai un box chez Shurgard pour le stocker !
Amical : Mais vous ne pouvez pas tenir assise sans rouler !
Descriptif : C’est une pleine lune, c’est une montgolfière, pour en faire le tour, un satellite mettrait une année !
Curieux : Et pour dormir, comment faites-vous ? Sur le dos, c’est une impossibilité !
Truculent : ça Madame, lorsque vous dégazez, combien d’espèces menacées pouvez-vous bien éradiquer ?
Prévenant : Attention, veillez bien à vérifier votre siège avant de vous y poser, par mégarde vous pourriez bien un chat ou un chien y étouffer !
Tendre : taillez donc votre culotte dans une couverture polaire, de peur qu’un rhume il puisse attraper !
Pédant : malgré toute ma connaissance linguistique, et les milliers d’adjectifs qui me viennent en tête, il en manque encore pour ce postérieur bien qualifier !
Cavalier : un popotin pareil devant le soleil, et c’est l’éclipse du siècle qui est assurée !
Emphatique : Catherina, Sandy, José, mêmes leurs puissance cumulées ne pourront le faire chavirer !
Dramatique : la coulée de boue entraîne tout sur son passage, Jacob Delafon en est bien vexé !
Admiratif : de la part des actionnaires de Always, une médaille d’honneur vous recevrez !
Naïf : de quel côté se situe la porte d’entrée ?
Respectueux : Madame, mes félicitations, quel belle assise vous avez !
Campagnard : Crévindiou, la belle bête ! Z’irions bien la mener à la foire, pour l’concours c’est t’y pas gagné !?
Militaire : jetez-le du haut des remparts, l’ennemi sera écrasé !
Pratique : quel endroit astucieux où ranger son porte-monnaie !
Voilà, jeune homme, quelques façons dont vous auriez pu user pour me gratifier de vos remarques, encore aurait-il fallu que votre vocabulaire excédât trois mots…
― P’tain, elle a dit quoi la meuf ? J’ai rien capté !
Merci pour ta participation, Anne ! C’est très drôle. J’ai été surprise par la campagnarde. ^^
Par contre, attention, dans le style, à cette phrase : « Vous auriez pu faire montre » => « faire montrer » n’est pas correct. Préfère par exemple : « Vous auriez pu faire preuve de… » ou « Vous auriez pu montrer plus de… »
Non, faire montre de… c’est une vieille expression pour dire faire preuve de… voilà !
Ah ! Je pensais « faire montrer »… Merci, j’apprends quelque chose ! 😉
Je vous demande pardon ? Un stylo ? Un vulgaire et banal stylo ?
Mais madame ce n’est pas un stylo ! C’est l’outil ultime qui s’adaptera à toutes situations ! Tenez, par exemple :
Pour le romantique, il gravera pour l’éternité ces maux d’amour ;
Pour le calculateur, il multipliera, soustraira et sommera de payer ;
Pour le commercial anxieux, il sera tendu (à son client) et transformera d’une griffe sa Fiat Punto en une jaguar à la ligne épurée ;
Vous êtes une jeune et belle infirmière ? il épousera vos courbes. Celles de vos patients tout du moins ;
Militaire ou séductrice, il couchera sur papier vos futures conquêtes ;
Votre docteur, d’un gribouillis, vous rendra claire mine ;
Pour un alpiniste, ça sera un Mont-Blanc, pour les bédéphiles belges, un ST Dupont,
Pour l’ornithologue il sera sa plume, pour l’élégant il sera son feutre ;
Pour l’écolier il sera quatre-couleurs, pour le poète il n’écrira qu’en vers ;
Il aidera le dessinateur à garder sa ligne et la calligraphe à assumer ses courbes.
Alors un stylo, madame, non !
Et il ne coûte que 2,95€. Point-barre.
c’est peut-être un peu hors-sujet en fait…
C’est peut-être limite hors sujet, mais je me suis régalée ! Excellente tirade ! A lire et relire. Merci et un grand bravo, Sylvain !
merciiii ^^
– Vous dites que votre mari a les oreilles décollées. Cela manque un peu de fantaisie. Un peu d’imagination, que diable ! vous pourriez varier les tons !
Vous pourriez ainsi avancer (descriptif) qu’il a des aéroports pour les mouches de chaque côté du visage et une meilleure prise au vent que quiconque grâce à ses ailerons latéraux, (auto – agressif) qu’il devrait se les couper tel Van Gogh mais les deux, comme un toréador le fait au taureau, (amical) qu’il vous protège du soleil à l’aide de ses deux ombrelles, (curieux) pourquoi de telles écoutilles ? C’est pour entendre tout le mal que vous dites de lui dans son dos, (gracieux), que sa tête épouse la forme d’un papillon qui bat des ailes dans la campagne, (truculent), qu’il a les oreilles baladeuses telles les mains d’un gaillard, (prévenant), qu’il doit faire attention à ne pas se coincer la tête dans les portiques du métro, (tendre) qu’il porte un petit chapeau pour éviter les fiantes des oiseaux, (pédant) qu’il ressent mieux que tout autre les ondes gravitationnelles, (cavalier) qu’il pourrait servir de double patère pour accrocher les vêtements de sa Dulcinée, (emphatique) qu’il capte les messages de nos amis extra-terrestres, (dramatique) qu’il risque de se noyer dans son cérumen, (admiratif), qu’il a l’oreille absolue, (poétique) que sa tête est un soleil encerclé de deux demi-lunes, (naïf) a-t-on bien le droit de se servir de ses oreilles pour arrêter les pénalty, (respectueux) qu’il doit avoir autant de mémoire que son cousin l’éléphant, (campagnard) c’est y pas deux feuilles de choux à la Gainsbarre, quoi ? (Militaire) ouvrez vos parachutes ! (Pratique) ces oreilles pourraient servir d’ouvre-boîte.
Bref sans tomber dans la logorrhée, vous auriez pu développer !
La femme
– Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde !
– Bonjjour
– Bonchour, cha va bien che matin ?
– Ah non c’est un peu trop facile. Vous auriez pu y mettre un peu de style, avoir un peu d’inventivité
Agressif : Avec un tel défaut de prononciation, apprenez le langage des signes vous rendrez service á tout le monde.
Tendre : Ouah, et quand vous parlez, les gens arrivent à vous comprendre ou vous montrez certains mots sur des petits ecriteaux?
Descriptif : Comment expliquez-vous cela ? Un manque de dents ? Une langue trop longue ? Á moins que ce ne soit un palais trop plat ?
Curieux : Et lorsque vous vous lancez dans une conversation cela ne vous gêne t il pas ? Parlez vous de vous á la troisième personne pour esquiver l inévitable emploi du je ?
Gracieux : Avez vous une telle nostalgie de la petite enfance que vous en avez gardé son élocution ?
Truculent : Et sinon quand passez vous chez Sosh ?
Moqueur : Et si nous parlions des chaussettes de l archiduchesse ?
Cavalier : Il paraît que ça donne du charme … chez les maîtresses d’ecole sans doute !
Admiratif : Oser parler en public force mon respect.
Naïf : Du coup certains pays vous sont interdits ?
Pratique : Vous préférez donc trouver que chercher.
Et pour finir en parodiant Alain Delon : Il parle donc de lui á la troisième personne ?
Bonjour, Jean-Baptiste. Il y a de la recherche, mais vous auriez pu aller plus loin encore. J’ai beaucoup rigolé au « Truculent », car je ne m’y attendais pas du tout. Merci et bravo !
Très sympa, Isabelle. J’ai l’impression que toutes les propositions ne concernent pas la taille des oreilles, mais il y a des trouvailles exquises ! Merci et bravo !