— Salut, Magali !
— Bonjour, Gaëlle. Qu’est-ce que tu me racontes de beau ?
— Bof… Tu sais, je piétine un peu côté écriture. J’ai l’impression de n’avoir écrit que des navets ; aucun éditeur ne veut publier mon manuscrit pour le moment.
— Tu es sévère avec toi-même. Il faut t’accrocher, tu as tout d’un auteur à succès.
— Ah oui ? Quoi donc ? À quoi différencie-t-on un Marc Lévy, un Maxime Chattam, un Guy de Maupassant d’un auteur anonyme, raté, qui s’acharne à écrire sans être publié ?
— Oh ! T’y vas fort. Bon, tu sais quoi, on va demander à nos scribouillards.
— Je vois… Tu ne sais pas répondre, alors tu te défiles.
— Pas du tout, je cherche des informations pour étayer mon argumentation. Mes chers amis, vous allez nous aider dans notre réflexion. Pour cela, vous décrirez au choix : un auteur à navets, qui échoue à publier (sa vie, ses habitudes, son humeur d’auteur en perdition) OU un auteur à succès, qui publie régulièrement (sa vie, ses habitudes, son caractère…).
— OK, ça me va ! À vos plumes, à vos succès ou à vos navets…
— Moi aussi ! Finalement, tu as eu une bonne idée, Magali. Je suis certaine que ce travail va nourrir notre réflexion.
— Oui, ils n’imaginent même pas à quel point.
— Hihihi. Rien que d’y penser, ça me remonte le moral.
Petit repost de mon commentaire d’il y a quelques jours… je ne suis pas sûr qu’il ait été vu / lu 🙂
Bonsoir à tous,
Avec un peu de retard, voici mon petit devoir du dimanche 😉
Je me suis imaginé ce que pourrait donner la recontre entre un romancier, auteur d’un navet… et un guerrier Sith (Star Wars si certains ne connaitraient pas) très mécontent. Je me suis laissé aller 🙂
Bises
Yves
Etais-ce un guerrier Sith ?
A vrai dire, je n’en avais pas la moindre idée. Mais il était terrifiant.
Le visage rouge sang, de petites cornes noires plantées sur le haut du front, une longue veste noire surmontée d’une capuche qui masquait un regard obscur.
Le colosse s’avançait vers moi d’un pas menaçant, son sabre laser à la main. Un grognement rauque lui remontait du fonds de la gorge. Il explosa dans un cri féroce.
— J’veux être remboursé !
— Rem… remboursé ? hésitai-je. Et vous êtes Monsieur…?
— J’suis un guerrier Sith, ça s’voit non ? vociféra la montagne de muscles, son arme pointée dans ma direction.
Je m’agrippai aux pieds de la petite table rudimentaire à laquelle je prenais place, chaque jour, depuis le début de la semaine. Elle était mon seul rempart face à ce mastodonte. Autant dire qu’elle ne pèserait pas bien lourd si ce monstre grotesque se décidait à passer outre.
— Et, que puis-je faire pour vous… Monsieur le guerrier Sith ?
— J’vous l’ai dit. J’veux être remboursé.
— Pourquoi donc ? osai-je lui demander, la voix chevrotante.
— Vous rigolez j’espère ?
Tel un chien enragé prêt à me sauter à la jugulaire, le Sith passa le buste au dessus de la table et vint camper son visage juste à quelques centimètres de ma bouche.
— Rem..bour…se…ment, prit-il le soin de bien articuler.
Je sentis son haleine fétide m’envelopper. Dégoutant. A croire que ce type avait ingurgité une tonne de flageolets avariés au petit déjeuner. Et au vu du nombre de boutons pustulents qui proliféraient sur sa peau, il ne devait pas manger sainement tous les jours.
— C’est à vous ça ? me demanda-t-il sans détour.
— Quoi… cet hamburger ?
— Oui.
— Heu, en effet… une double viande, ketchup, cornichon et gouda jeune, confessai-je un peu angoissé.
— Vous permettez ?
Sans attendre ma réponse, l’énergumène se saisit de mon sandwich et en arracha la plus grosse moitié d’un seul coup de mâchoire. Le ketchup gicla abondamment et vint mourir en grosses gouttes compactes sur la table. Lorsqu’il eu fini de dévorer mon repas, il s’essuya les lèvres du revers de sa manche.
— Bof… pas terrible. Alors… ce remboursement ! reprit-il.
— Si je puis me permettre, tentai-je poliment, je ne vois aucune raison valable d’accéder à votre demande.
Il me fixa d’un air mécontent et se mit à grogner. S’il pensait m’impressionner, il se trompait. Guerrier Sith ou pas, j’en avais croisé de plus coriaces que lui.
Apparemment, mon approche diplomatique n’eut que peu d’effet sur ce malotru, car je le vis plonger la main sous sa cape et en ressortir un livre à la main.
D’un geste violent, il claqua au coin de la table un exemplaire de mon dernier roman, un vrai chef d’œuvre, fruit d’un travail acharné : « Trente et une nuances de vert au pays des Siths »
— Aucune raison ? Et ça… c’est pas une raison ? hurla-t-il.
Le guerrier Sith pointait son gros index cagneux sur la couverture de mon livre. Juste au dessus de sa première phalange trônait une énorme verrue, percée en son centre d’un poil noir à l’extrémité recourbée. Répugnant ! Comment se type malpropre osait-il s’adresser à moi sur ce ton.
— Je ne vois vraiment pas ce qui a pu faire naître chez vous une telle animosité à mon égard, réfutai-je d’un signe de la tête.
— Vous ne voyez vraiment pas ?
— Tout ce que je vois c’est votre index ? Et pour tout dire, je ne saurais trop vous conseiller de consulter un spécialiste !
— Et en plus d’être arrogant, vous vous croyez drôle peut-être ?
Comme l’humour ne semblait pas faire partie de ses qualités, je changeai mon fusil d’épaule et fit mine de jeter un œil au roman, dont je connaissais la couverture par cœur : un guerrier Sith assis au bord d’un gouffre, tenant une rose à la main.
— C’est un guerrier Sith… voilà, vous êtes satisfait ?
— Non Monsieur ! Vous vous moquez de vos lecteurs ! Un guerrier Sith, ça ressemble à ça, réfuta le colosse en faisant deux pas en arrière. Il resta immobile quelques secondes, admiratif du costume et des accessoires qu’il portait avec fierté, puis il revint se poster devant moi et continua sa critique littéraire.
— Au mieux votre guerrier… là sur votre couverture… c’est un lointain cousin de Schrek…et encore, je suis gentil ! Mais là où votre pseudo roman, votre fan fiction, dépasse les bornes, c’est avec cette histoire de guerrier en mal d’amour, prêt à se jeter du haut d’une falaise parce qu’une princesse habitant un caillou aux confins de l’espace a repoussé ses avances ! C’est se foutre du monde votre truc !
Je tentai de l’interrompre, mais il m’en empêcha en posant son index velu sur mes lèvres. Je crus que j’allais vomir !
— Ma femme est venue vous acheter vot’ bouquin ce matin. Une petite blonde en jupe courte… talons aiguilles, jolie poitrine, yeux verts. Je vois à votre tête que vous savez de qui je parle. Elle pensait me faire plaisir. Je participe ce week-end à la convention Star Wars, juste de l’autre côté de la rue.
Cet idiot ne m’apprenait rien. C’est pour ça que j’avais loué ce petit bout de trottoir à l’épicier du quartier. Cette convention tombait à pic. Depuis que mon éditeur chinois m’avait fait parvenir une palette entière de mon roman – il y avait déjà un an et demi d’ici – je n’en avais pas vendu un seul exemplaire… en dehors de celui acheté par ma grand-mère. Mais depuis le début de la semaine, le vent avait tourné. Mon talent allait enfin être reconnu par le plus grand nombre. Je le sentais. Rien que ce matin, j’étais parvenu à écouler deux douzaines de ce premier ouvrage de qualité. Et je comptais bien, ici et maintenant, faire comprendre à cet ignorant son erreur de jugement.
— Ecoutez, cher Monsieur le guerrier Sith. Vous savez… écrire un roman, c’est laisser parler l’imaginaire, dépasser les frontières des idées reçues, faire parler son cœur. Vous comprenez ? Laissez-vous porter par mon univers. Faites un p’tit effort mon vieux ! lancai-je d’un œil complice.
Le Sith fronça ses sourcils broussailleux. Avais-je fait preuve de trop de familiarité ? Il jeta un regard circulaire dans la rue et puis grogna quelques syllabes inaudibles. Je m’attendais au pire. Mais si je devais mourir par la main d’un Sith, mon ouvrage passerait-il au moins à la postérité. Ce serait tout bénéfice, même si j’avais espéré une vie plus longue et surtout une fin moins douloureuse.
Je fermai les yeux, prêt à subir mon destin. Mais bizarrement, je ne sentis aucune douleur. Je finis par rouvrir lun oeil… puis l’autre. Mon assaillant m’observait un sourire mesquin aux lèvres. Il dodelina la tête de droite à gauche, puis fit le tour de la table et vint s’asseoir à mes côtés.
— Mon pauvre ami… vous savez quoi ? Je vous plains .
— Et pourquoi cela ?
— Parce qu’en plus d’être l’auteur d’un vrai navet, vous devez être le seul romancier à rendre vos lecteurs fous furieux !
Il pointa le doigt en direction du trottoir opposé. Une troupe de colosses affublés de longues tuniques noires et armés jusqu’aux dents traversaient la rue en colère.
A l’évidence, mon talent indiscutable échappait à cette bande de sauvages ignares. Je me dressai fièrement sur mes jambes et bombai le torse, prêt à faire face à cette vague de rebelles illettrés.
Je sentis une gifle me frapper la joue, puis une seconde. Ma vue se brouilla. Je sentis mon corps tout entier vaciller.
— Mon chéri… mon chéri ? Je suis rentrée. Ta journée s’est bien passée ?
Cette voix… si douce… le guerrier Sith était-il une femme ? Non, impossible.
Je levai la tête. Difficile d’y voir clair. Autour de moi, tout était trouble. Je devais surement délirer, la tête en sang quelque part au milieu de la rue. Je me frottai les yeux et repris progressivement mes esprits : les Siths enragés… disparus. Mes romans… volatilisés. Au lieu de cela, une femme blonde, plutôt jolie, me regardait d‘un air amusé.
— Toi tu dormais ! m’accusa-t-elle.
— Mmm… oui je pense bien, lui répondis-je, pas encore certain à qui je parlais.
— As-tu bien avancé dans ton roman ?
— Oui… un maximum… un maximum.
Les idées me revenaient à l’esprit, petit à petit : ma femme et son boulot… ma vie, mon roman. Je jetai un regard inquiet sur la page qui se trouvait devant moi. Elle était vide… aussi blanche que la neige qui vient de tomber. Elle fit mine de n’avoir rien remarqué et m’invita à passer à table. Je me promis, pour une fois, de ne pas critiquer son repas, même si je devinais déjà à l’odeur qui se dégageait de la cuisine que son plat serait une fois de plus insipide.
Décidément, la vie d’écrivain n’était pas un métier de tout repos.
Si si, il avait été lu, je viens de commenter en revenant sur la page et en me rendant compte que mes commentaires d’il y a plus d’un mois n’ont pas été pris en compte (j’ai dû faire une mauvaise manip, désolée)
Après avoir mûrit un sujet qui me semblait intéressent dans ma tête ,je décide de l’étaler sur une feuille blanche .De mon écriture ,je pensais noircir complètement la blancheur de la feuille .Mais ,avant même de commencer ,je m’aperçois qu’il me fallait trouver un titre à mon histoire .Ce préalable est primordiale dans la constitution d’un roman .Malheureusement ,au moment où je commence à écrire le premier paragraphe ,d’un seul coup ,tout s ‘arrête dans ma tête .Je viens de me heurter à un obstacle ! En fait ,je venais de me rappeler ,que la première entame d ‘un manuscrit ,doit être séduisante .C’est en parcourant les premières pages de mon récit que l’éditeur se fait une véritable opinion sur mon œuvre .En m’évertuant à tout faire pour plaire à mon éditeur ,contrairement à ma volonté ,je perdis mon inspiration que je sentais s’évaporer en me quittant imperceptiblement .
Le métro, comme chaque soir à cette heure, était bondé. Un sourire de satisfaction illuminait son visage. Il était à sa place préférée. Adossé dans un coin, debout et appuyé contre le profil légèrement arrondi et confortable. Dans cette position, il n’était pas obligé de se tenir avec sa main à une barre, le fait d’appuyer avec son bas du dos contre ce qui ressemblait à un dos de chaise sans assise suffisait pour ne pas être déséquilibrer. Il pouvait tranquillement observer les autres voyageurs et surtout réfléchir à l’agencement des mots. Il était descendu à la précédente station, s’était rendu dans la papeterie juste en face de la bouche de métro et y avait acheté un grand cahier bleu et un porte-plume. Maintenant il s’agissait de trouver la bonne phrase introductive. Celle qui allait accrochée son lecteur. Il était convaincu que le succès d’un roman était dépendant de son incipit. Cette première phrase devait être centrée sur son personnage principal. Fallait-il le nommer tout de suite ou attendre. Les mots se bousculaient dans sa tête. « Il avait l’air heureux » était un bon début. Mais n’était-ce pas déjà trop précis. Non, il vaudrait mieux commencer par parler du contexte, du décor pour que le lecteur sache où il se trouve. « L’habitacle de la voiture était une emplie d’une douce musique classique ».
Absorbé dans ses pensées, il faillit rater la station. Il s’extirpât de la rame juste avant qu’elle ne redémarre. Il parcourût à pied les deux kilomètres qui le séparaient de son immeuble. Il profitât de ce moment pour continuer à chercher. Donner le bon ton d’entrée était vraiment essentiel. Il ne devait pas se contenter d’une phrase moyenne voire bonne. Il devait chercher la perfection. Arrivé devant la porte de sa résidence, il lui fallût quelques secondes pour mettre entre parenthèse sa quête mentale et utiliser ses neurones à la recherche du code lui permettant d’ouvrir la porte d’entrée. Ce léger moment d’absence lui arrivait pratiquement chaque soir devant le seuil de son immeuble.
En entrant dans son appartement, il se sentait fébrile. Il sentait avoir trouvé quelque chose. Il s’empressât de retirer son manteau, se précipitât dans son bureau, s’assit, sortit le cahier bleu et le stylo plume. Au moment où il allait écrire le premier mot, il se ravisa. Non ce n’était pas encore tout à fait cela. Il fallait vraiment prendre son temps.
La nuit était tombée depuis plusieurs heures. Il avait rapidement été cherché de la nourriture dans la cuisine et pour ne pas perdre le fil avait mangé sur son bureau toujours concentré sur son travail. Vers 4 heures du matin, la fatigue l’avait emportée. Il n’avait pas eu la force de se mettre au lit et s’était endormi sur son bureau. Son visage était détendu. A côté de lui, le cahier bleu était ouvert. Une phrase était écrite en haut de la première page « Le métro, comme chaque soir à cette heure, était bondé. » Dans la grande armoire, placée derrière lui, les étagères étaient remplies de centaines de cahiers bleus dans lesquels, cette même phrase avait été écrite.
j’adore Richard 🙂 ce qui est sûr c’est que cette phrase promet maintes et maintes choses, elle donne déjà beaucoup d’information, mais en laissant tellement de possibilités !
Il y a quelque chose de très égocentrique chez quelqu’un qui ecrit.
Peut importe qu’il vous dise vouloir être publié ou non,
vouloire raconter une histoire ou juste poser des mots
sur ses idées et ses sentiments sans vouloir le partager.
Foutaises. Retenez bien cela.
Un écrivain écrit pour être lu.
Bien sur chacun vise un type de lecteur différent.
Les uns veulent le succès,
visent le plus grand nombre à coup de récits policiers, fantastiques ou romantiques
plus ou moins accessibles dans le but de vous divertire,
et parfois de vous faire perdre votre temps …soyons franc.
Les autres, moins interressés, écrivent pour eux même mais en secret,
rêvant que leur message soit lu par leure belle inaccessible.
Et d’autres écrivent quotidiennement pour la presse
à des fins informatives de manière purement analytique.
Je vois, j’écris ce que je vois, mécanique, rentable,
ça nourrit son homme et sa famille et c’est plus ou moins utile.
Bien sur je fais partie de la deuxième catégorie.
Celle des écrivains qu’on ne lit pas.
Du moins je peux vous dire que la belle Jessica
que j’ai connu en 6ème5 ne me lit pas.
Alors en temps qu’écrivain de deuxième groupe, je tend à rejoindre le premier,
étant bien trop orgueilleux pour avoir envie de me tourner vers le troisième,
je reste ancré dans mon profond chagrin et je compte bien m’en servire,
meme si je dois vendre une partie de mon âme,
ou mettre de coté quelques principes.
Le soucis quand vous souhaitez changer de groupe
en court de parcourt comme cela, c’est que ça va se voir.
Pas que je sois particulièrement dépressif ou quelqu’un de négatif,
mais après une telle succession d’echecs dans ma vie,
qu’on me pardonne si je n’écrit pas une commédie.
Non, ce sera un drame, larmoyant et dégoulinant d’amour,
le genre patétique à écrire mais qui d’après mon agent,
avec un rien de style devient romantique et parfois même best-seller.
La transition se fait simplement.
Elle consiste à faire se rejoindre les frontières de deux groupes.
Continuer à mener sa vie lamentable
et a se morfondre vingt-trois heures sur vingt-quatre,
pour ne pas dire qu’on n’essait pas de positiver, sur ses echecs amoureux.
Noyer le tout dans un brin d’alcool et une tendance à la décadence,
en coucher un résumé à l’écrit, y ajouter une pointe d’humour noir
et de sentimentalité à 10 francs et vous avez votre roman.
Enfin tout ça c’est ce que j’écris, un lundi soir, un peu trop tard,
affalé seul sur mon canapé, bougie allumée, poisson rouge en observateur
et musique digne d’un générique de comédie romantique en fond.
Ce qui est en gros un retour à la réalité aussi violent que navrant
et qui revient me placer directement
dans la deuxieme catégorie d’écrivain précédemment décrite.
Il n’y a donc qu’un pas entre les vies tourmentée des écrivains de ces deux groupes.
Alors que ceux du troisiemes n’ont qu’a écrire un article sur eux,
petits ingrats qu’ils sont.
Toute la magie de l’écriture c’est qu’on écrit pour soi avant tout,
ou du moins on le fait croire.
Vous pensez vraiment que j’écris tout cela uniquement pour flatter mon égaux
ou pour me liberer d’un mal interieur qui me hante ?
Quel besoin je pourrais éprouver d’écrire ces lignes pour moi même
plutôt que de me reprendre un bière et de dormir ?
Ne soyez pas crédule.
On ne fait que poser des mots sur le papier
peut importe l’histoire, si toute fois il y en a une.
On y met la forme, les mots justes,
et on obtient un texte comme celui ci.
Quelques lignes écritent bien trop vite
et sans vraiment de style,
Mais quelque chose qui est fait pour être lu.
C’est le seul et unique but.
Ce n’est que vous, lecteurs qui faites la différence par le nombre.
Et il suffit d’une opportunité, d’un peu de travail et de chance
et notre vie peut basculer du tout au tout.
D’écrivains inconnu à auteur à succès.
Tout est possible, il suffit de jouer pour peut être un jour gagner.
On ne vous a jamais dit que la vie était un jeux ?
Alors moi et quelques autres jouons avec elle et avec les mots.
Je m’apelle Joël, je ne suis pas écrivain à succès,
mais est ce pour autant que je suis mauvais ?
Non Joël, c’est une très belle réflexion, écrire d’une belle façon ! Bravo 🙂
Après avoir mûrit qui me parait intéressant dans ma tête ,je décide de l’étaler sur une feuille blanche que je devais normalement noircir avec mon écriture .Mais ,juste à ce moment là ,je me rend compte qu’il me faut d ‘abord trouver un titre à mon histoire ,avant de commencer .Ce préalable est quelque chose de très important .Après avoir put trouver le titre qu’il faut ,me voilà lancé à mettre les premiers pas dans cette aventure où l’imaginaire est le maître mot pour avancer tout en essayant de trouver les mots qui soient du goût du lecteur .Malheureusement à peine j’ai commençais mon premier paragraphe ,tout s ‘arrêta en moi d’un seul coup ! En fait ,je venais de me heurter à un obstacle …Je venais de me rappeler ,que l’entame d’un roman ,doit séduire dès les premières lignes ,mon lecteur .Ce sont les premières pages ,qui doivent séduire mon éditeur . Pendant que je réfléchit à la manière d’écrire ces premières pages , je sentais mon inspiration qui me quittait en s’évaporant de manière invisible .
Commencer est le plus dur, je confirme ! Belle description de ces moments difficiles et ô combien frustrant !
Bonsoir à tous,
Avec un peu de retard, voici mon petit devoir du dimanche 🙂
Je me suis imaginé ce que pourrait donner la recontre entre un romancier, auteur d’un navet… et un guerrier Sith (Star Wars si certains ne connaitraient pas) très mécontent. Je me suis laissé aller 🙂
Bises
Yves
Etais-ce un guerrier Sith ?
A vrai dire, je n’en avais pas la moindre idée. Mais il était terrifiant.
Le visage rouge sang, de petites cornes noires plantées sur le haut du front, une longue veste noire surmontée d’une capuche qui masquait un regard obscur.
Le colosse s’avançait vers moi d’un pas menaçant, son sabre laser à la main. Un grognement rauque lui remontait du fonds de la gorge. Il explosa dans un cri féroce.
— J’veux être remboursé !
— Rem… remboursé ? hésitai-je. Et vous êtes Monsieur…?
— J’suis un guerrier Sith, ça s’voit non ? vociféra la montagne de muscles, son arme pointée dans ma direction.
Je m’agrippai aux pieds de la petite table rudimentaire à laquelle je prenais place, chaque jour, depuis le début de la semaine. Elle était mon seul rempart face à ce mastodonte. Autant dire qu’elle ne pèserait pas bien lourd si ce monstre grotesque se décidait à passer outre.
— Et, que puis-je faire pour vous… Monsieur le guerrier Sith ?
— J’vous l’ai dit. J’veux être remboursé.
— Pourquoi donc ? osai-je lui demander, la voix chevrotante.
— Vous rigolez j’espère ?
Tel un chien enragé prêt à me sauter à la jugulaire, le Sith passa le buste au dessus de la table et vint camper son visage juste à quelques centimètres de ma bouche.
— Rem..bour…se…ment, prit-il le soin de bien articuler.
Je sentis son haleine fétide m’envelopper. Dégoutant. A croire que ce type avait ingurgité une tonne de flageolets avariés au petit déjeuner. Et au vu du nombre de boutons pustulents qui proliféraient sur sa peau, il ne devait pas manger sainement tous les jours.
— C’est à vous ça ? me demanda-t-il sans détour.
— Quoi… cet hamburger ?
— Oui.
— Heu, en effet… une double viande, ketchup, cornichon et gouda jeune, confessai-je un peu angoissé.
— Vous permettez ?
Sans attendre ma réponse, l’énergumène se saisit de mon sandwich et en arracha la plus grosse moitié d’un seul coup de mâchoire. Le ketchup gicla abondamment et vint mourir en grosses gouttes compactes sur la table. Lorsqu’il eu fini de dévorer mon repas, il s’essuya les lèvres du revers de sa manche.
— Bof… pas terrible. Alors… ce remboursement ! reprit-il.
— Si je puis me permettre, tentai-je poliment, je ne vois aucune raison valable d’accéder à votre demande.
Il me fixa d’un air mécontent et se mit à grogner. S’il pensait m’impressionner, il se trompait. Guerrier Sith ou pas, j’en avais croisé de plus coriaces que lui.
Apparemment, mon approche diplomatique n’eut que peu d’effet sur ce malotru, car je le vis plonger la main sous sa cape et en ressortir un livre à la main.
D’un geste violent, il claqua au coin de la table un exemplaire de mon dernier roman, un vrai chef d’œuvre, fruit d’un travail acharné : « Trente et une nuances de vert au pays des Siths »
— Aucune raison ? Et ça… c’est pas une raison ? hurla-t-il.
Le guerrier Sith pointait son gros index cagneux sur la couverture de mon livre. Juste au dessus de sa première phalange trônait une énorme verrue, percée en son centre d’un poil noir à l’extrémité recourbée. Répugnant ! Comment se type malpropre osait-il s’adresser à moi sur ce ton.
— Je ne vois vraiment pas ce qui a pu faire naître chez vous une telle animosité à mon égard, réfutai-je d’un signe de la tête.
— Vous ne voyez vraiment pas ?
— Tout ce que je vois c’est votre index ? Et pour tout dire, je ne saurais trop vous conseiller de consulter un spécialiste !
— Et en plus d’être arrogant, vous vous croyez drôle peut-être ?
Comme l’humour ne semblait pas faire partie de ses qualités, je changeai mon fusil d’épaule et fit mine de jeter un œil au roman, dont je connaissais la couverture par cœur : un guerrier Sith assis au bord d’un gouffre, tenant une rose à la main.
— C’est un guerrier Sith… voilà, vous êtes satisfait ?
— Non Monsieur ! Vous vous moquez de vos lecteurs ! Un guerrier Sith, ça ressemble à ça, réfuta le colosse en faisant deux pas en arrière. Il resta immobile quelques secondes, admiratif du costume et des accessoires qu’il portait avec fierté, puis il revint se poster devant moi et continua sa critique littéraire.
— Au mieux votre guerrier… là sur votre couverture… c’est un lointain cousin de Schrek…et encore, je suis gentil ! Mais là où votre pseudo roman, votre fan fiction, dépasse les bornes, c’est avec cette histoire de guerrier en mal d’amour, prêt à se jeter du haut d’une falaise parce qu’une princesse habitant un caillou aux confins de l’espace a repoussé ses avances ! C’est se foutre du monde votre truc !
Je tentai de l’interrompre, mais il m’en empêcha en posant son index velu sur mes lèvres. Je crus que j’allais vomir !
— Ma femme est venue vous acheter vot’ bouquin ce matin. Une petite blonde en jupe courte… talons aiguilles, jolie poitrine, yeux verts. Je vois à votre tête que vous savez de qui je parle. Elle pensait me faire plaisir. Je participe ce week-end à la convention Star Wars, juste de l’autre côté de la rue.
Cet idiot ne m’apprenait rien. C’est pour ça que j’avais loué ce petit bout de trottoir à l’épicier du quartier. Cette convention tombait à pic. Depuis que mon éditeur chinois m’avait fait parvenir une palette entière de mon roman – il y avait déjà un an et demi d’ici – je n’en avais pas vendu un seul exemplaire… en dehors de celui acheté par ma grand-mère. Mais depuis le début de la semaine, le vent avait tourné. Mon talent allait enfin être reconnu par le plus grand nombre. Je le sentais. Rien que ce matin, j’étais parvenu à écouler deux douzaines de ce premier ouvrage de qualité. Et je comptais bien, ici et maintenant, faire comprendre à cet ignorant son erreur de jugement.
— Ecoutez, cher Monsieur le guerrier Sith. Vous savez… écrire un roman, c’est laisser parler l’imaginaire, dépasser les frontières des idées reçues, faire parler son cœur. Vous comprenez ? Laissez-vous porter par mon univers. Faites un p’tit effort mon vieux ! lancai-je d’un œil complice.
Le Sith fronça ses sourcils broussailleux. Avais-je fait preuve de trop de familiarité ? Il jeta un regard circulaire dans la rue et puis grogna quelques syllabes inaudibles. Je m’attendais au pire. Mais si je devais mourir par la main d’un Sith, mon ouvrage passerait-il au moins à la postérité. Ce serait tout bénéfice, même si j’avais espéré une vie plus longue et surtout une fin moins douloureuse.
Je fermai les yeux, prêt à subir mon destin. Mais bizarrement, je ne sentis aucune douleur. Je finis par rouvrir lun oeil… puis l’autre. Mon assaillant m’observait un sourire mesquin aux lèvres. Il dodelina la tête de droite à gauche, puis fit le tour de la table et vint s’asseoir à mes côtés.
— Mon pauvre ami… vous savez quoi ? Je vous plains .
— Et pourquoi cela ?
— Parce qu’en plus d’être l’auteur d’un vrai navet, vous devez être le seul romancier à rendre vos lecteurs fous furieux !
Il pointa le doigt en direction du trottoir opposé. Une troupe de colosses affublés de longues tuniques noires et armés jusqu’aux dents traversaient la rue en colère.
A l’évidence, mon talent indiscutable échappait à cette bande de sauvages ignares. Je me dressai fièrement sur mes jambes et bombai le torse, prêt à faire face à cette vague de rebelles illettrés.
Je sentis une gifle me frapper la joue, puis une seconde. Ma vue se brouilla. Je sentis mon corps tout entier vaciller.
— Mon chéri… mon chéri ? Je suis rentrée. Ta journée s’est bien passée ?
Cette voix… si douce… le guerrier Sith était-il une femme ? Non, impossible.
Je levai la tête. Difficile d’y voir clair. Autour de moi, tout était trouble. Je devais surement délirer, la tête en sang quelque part au milieu de la rue. Je me frottai les yeux et repris progressivement mes esprits : les Siths enragés… disparus. Mes romans… volatilisés. Au lieu de cela, une femme blonde, plutôt jolie, me regardait d‘un air amusé.
— Toi tu dormais ! m’accusa-t-elle.
— Mmm… oui je pense bien, lui répondis-je, pas encore certain à qui je parlais.
— As-tu bien avancé dans ton roman ?
— Oui… un maximum… un maximum.
Les idées me revenaient à l’esprit, petit à petit : ma femme et son boulot… ma vie, mon roman. Je jetai un regard inquiet sur la page qui se trouvait devant moi. Elle était vide… aussi blanche que la neige qui vient de tomber. Elle fit mine de n’avoir rien remarqué et m’invita à passer à table. Je me promis, pour une fois, de ne pas critiquer son repas, même si je devinais déjà à l’odeur qui se dégageait de la cuisine que son plat serait une fois de plus insipide.
Décidément, la vie d’écrivain n’était pas un métier de tout repos.
Un auteur un peu en panne d’inspiration, mais qui a plein de rêve en tête 🙂 ça nous ressemble un peu à tous je pense et l’idée du guerrier SITH rajoute une belle touche de fantaisie à cette histoire !
– Dis papy, pourquoi tu ne racontes pas ton histoire dans un livre ? Avec tous ceux que tu as publié, je suis sûre que ça intéresserait les gens.
– Je ne le fais pas par pudeur. Il est plus facile de décrire des choses atroces, difficiles, de décrire un raté que quelqu’un qui réussi. Et les gens s’y retrouvent plus avec des choses négatives. Soit parce qu’ils ont vécus des choses similaires et qu’ils ont envie de voir un personnage ou héros s’en sortir, soit parce que ça les conforte dans le fait que leur vie est meilleure que ces horreurs et tant mieux. Ils en retirent un espèce de petit plaisir égoïste, mais tout à fait normal, qui les rassurent. Crois-tu que les gens seraient heureux de lire de livre où tout se passe toujours bien ?
– Euh, je ne pense pas non, ça n’aurait pas de saveur, on ne tremblerait pas pour la princesse ou pour … le beau gosse à la gueule d’ange.
– Exactement, alors imagine que j’écrive un livre où j’explique mon travail. Tout d’abord, être un bon écrivain pour moi, ça consiste à me lever le matin à l’heure où mon corps me le demande, à prendre mon petit déjeuner sur la terrasse ou derrière la baie vitrée; parce que c’est important le petit déjeuner, t’as t’on déjà dit que c’est le repas le plus important de la journée ? Pardon. Donc face à cette nature fantastique, me laisser bercer par le parfum de mon thé, des fleurs ou de la cheminée pour ensuite coucher les mots sur le papier. Puis de m’installer dans une autre pièce, vers un autre point de vue sur le monde, pour laisser mon imagination foisonner avec des petits exercices simples comme faire la liste de course d’un ours polaire en vacances ou bien d’écrire ce que mes rêves m’ont distillés durant la nuit. De manger ce que ma délicieuse femme aura préparé avant d’aller gagner des pécules, non nécessaire car nous en avons déjà grâce à mon écriture, mais qu’elle met un point d’honneur à rapporter quand même. Puis de siester ou me promener dehors, car mes meilleures idées me viennent pendant ces moments, mais chut c’est mon secret d’auteur. Puis d’écrire des heures durant, sur le projet en cours, un chat mal léché sur les genoux. Jusqu’à ce que femme s’en suive et vienne me raconter ses péripéties journalières. Alors jusqu’au souper, j’écris frénétiquement et notre soirée se veut toujours calme, à lire ou faire des jeux de société.
– Mais c’est trop génial ! J’adore moi ! Et j’aimerais aussi être écrivaine ! Comme toi ! Trop facile, tu restes à la baraque, tu bois du thé avec le chat et tu gagnes pleins de sous !
– C’est justement à cause de ce genre de réaction que je ne veux pas ébruiter mon quotidien. Voilà ce que tu as retenue de ce que je t’ai raconté. Qu’être écrivain c’est gagner de l’argent facilement et en étant tranquille à la maison, sous entendu pendant que d’autres triment comme des forcenés et se crèvent à la tâches pour faire survivre la société. Certes, être écrivain c’est simplement apporter un échappatoire à ceux qui le désir, ça ne nourrit pas, ni ne soigne, ni ne sert l’intérêt général. Et encore que métaphoriquement, ça peut. C’est produire des activités de plaisir, alors c’est assimilé par la société comme quelque chose de distrayant à faire. Mais pour être un bon écrivain, ça commence par des doutes, des échecs tuants, des attentes, des déceptions, des trahisons, des espérances, des coups de fouet, des baisses de régime, des « je n’y arriverai jamais »,… et puis on s’aperçoit que d’être écrivain, c’est un travail de chaque instant. Ça doit être une passion, car une fois l’embrayage lâché, c’est de l’esclavagisme ! Chaque minute, chaque geste, chaque observation est une source de d’inspiration… mon dernier livre « un train dans le noir », l’idée m’est venue une nuit où je me faisais un thé et que j’ai vu la brume que la bouilloire faisait dans un léger faisceau de lumière. Tout est interprétable, mon esprit ne se repose jamais plus. Je critique tout pour m’assurer que je ne passe pas à côté d’une idée. J’ai tellement travaillé que je n’arrive plus à décrocher. Comme un chef d’entreprise qui ne peut plus poser son téléphone même une fois dans sa famille. Être un écrivain , c’est un investissement de temps et d’énergie terriblement épuisant. Quand les lecteurs tiennent leur précieux entre leurs doigts dévoreurs. Ils ne voient pas les nuits ou pages blanches, les interrogations, les scènes coupées, arrachées, déchirées, recollées, punaisées, rectifiées, ruminées, réécrites, épurées, maternées, purifiées, etc… ils ont le produit fini et s’imaginent que tout est venu aussi fluide et naturel que lorsque l’on tourne les pages. La torture de l’esprit de l’écrivain, s’il écrit bien, ne se ressent pas dans les textes, mais transparaît en filigrane dans la profondeur des sentiments qu’il soulève. C’est impossible à expliquer dans un livre. Les gens ne comprendraient pas. Ça heurterait trop leur représentation du mythe de l’écrivain, un type qui glande chez lui et pond un texte parce qu’il est l’élu des dieux et que la grâce divine lui a été accordé. Je n’ai pas cette prétention, je suis malheureusement un écrivain qui a payé le prix du labeur pour réussir; comme la plupart, mais cela ne plairait pas au public, ça n’est pas ça qu’ils veulent lire. Ils veulent que je sois un SDF qui ai trouvé une machine à écrire et qui a renié sa condition en vendant des histoires publiées sur des journaux mis au recyclage ! Ils veulent de l’extraordinaire. Je ne suis qu’un employé de bureau qui a su travailler sa passion, pour que sa passion le travaille et lui paye un bureau ! Je me sens comme un potier qui met son cœur dans ses ouvrages, qui façonne encore et encore pour atteindre la perfection, il faut environ 5 ans pour être autonome en poterie sachant que ce sont des matériaux simples, concrets et intangibles… Combien d’année crois tu qu’il faille pour devenir une bonne écrivaine sachant que ta matière grise est en perpétuelle évolution ?
Superbe texte ! Merci et bravo d’avoir relevé le défi difficile de décrire l’auteur à succès !
Je découvre le site et je tombe sur cet exercice puis sur ce texte… C’est de bon augure ! C’est sûr je reviendrai et peut-être même que j’essaierai de proposer quelques lignes. En attendant celles-ci m’ont beaucoup plu !
Bravo 🙂
(Bonjour ! Je me rend compte que mes textes ici étant déjà rares se font de plus en plus espacés ! En fait, j’ai dû en poster 3/4 en trois ans! :/ Je fais donc un petit retour en espérant ne pas être trop rouillée pour ce genre d’exercices ! 🙂 Bonne lecture ! )
La folie des derniers mois
Il ne manquait plus que le point final, et tout serait fini. Fatigué, il enfonça la touche du clavier. Ce mouvement lui coûta tous les efforts du monde. Il était épuisé, son dos ne supportait plus de se tenir dans cette position, ses yeux lui brûlaient tant ils étaient resté fixés sur l’écran de son ordinateur. Il soupira, et s’affala contre le dossier de sa chaise. Dans son relâchement, il heurta par mégarde de son pied son bureau, faisant trembler les cinq tasses de café posées sur la surface. L’une d’elle perdit l’équilibre et renversa les dernières gouttes de son contenu sur des feuilles sur lesquelles mots et idées floues s’embrouillaient. Quelques tic-tac, et la pendule de son bureau sonna trois heures du matin. Il respira profondément avant de soupirer à nouveau.
Il avait passé les dernières 24h à écrire. Cherchant désespérément à finir le manuscrit qu’il avait promis de remettre pour ce jour même.
Un pari lancé il y a de cela plusieurs mois et qui lui avait semblé facile à ce moment là. Une chance qu’il ne pouvait pas louper. Des années durant, il avait essayé de faire publier ses textes. Des années durant, les maisons d’éditions lui avaient claqué la porte au nez.
« Aucun style dans l’écriture », « Une histoire trop brouillonne », « Un vrai navet… »…
Combien de fois lui avait on dit que ses textes n’étaient, « pas à la hauteur de la maison d’édition » ?
Mais jamais il n’avait renoncé, jusqu’à ce qu’il réussisse à convaincre une édition. De là, le fameux délais lui avait était donné pour qu’il puisse tenter d’écrire un texte, un texte se devant être meilleur que les précédents.
Depuis, le stress ne le quittait plus. L’angoisse de page blanche le saisissait à la simple pensée d’écrire. Il n’était jamais tranquille, le compte à rebours défilait devant lui sans qu’il parvienne à écrire le moindre mot. Cela durait depuis bien longtemps. Lorsqu’il commençait à poser des mots, il se rendait vite compte que le texte ne tenait pas la route. Souvent, les dernières critiques lui revenaient en mémoire et il comprenait enfin ce qu’on lui avait toujours reproché. Pendant plusieurs mois, en quête d’aspiration, il avait pu assister au succès fulgurant de dizaines d’auteurs, à leur réussite qui ne faisait que accroître ses incertitudes. Il voyait l’opportunité lui glisser des doigts et s’en voulait de plus en plus de gâcher la chance dont il avait toujours rêvé. D’un coup, il voyait le monde dont il avait toujours voulu faire partis sous un angle différent. Alors qu’il s’était persuadé d’être à la hauteur, il doutait maintenant sérieusement d’arriver ne serait-ce qu’à la cheville des autres auteurs.
Ainsi s’étaient écoulés les derniers mois, dans un tourbillon de désespoir, agrémenté de chute de moral, dépression, et pensées obscures.
Pendant les derniers jours, il s’était mis à écrire, sans plus aucune conviction cela dit. Puis il avait transposé le vécu des mois passé sur un autre style d’écriture. Sans plus réfléchir, il avait continué.
Il n’avait quitté son bureau que rarement, oubliant même de manger, avait sacrifié plusieurs heures de sommeil, laissant alors les volets fermés, complètement coupé du monde. Seule la pendule lui indiquait le temps défilant. Certaines fois, il avait ouvert les yeux après les coups de la pendule, affalé sur son bureau, ne pouvant plus supporter la fatigue.
D’autres, il aurait juré entendre les touches de son clavier lui crier d’arrêter de les maltraiter. Les premiers jours, il était dérangé par la sonnerie de la porte de son appartement, ou bien celle d’un téléphone, les jours passant, il ne les entendait même plus.
C’est de cette façon qu’il se retrouvait dans cette position, dans un état plutôt critique.
Il couvrit son visage de ses mains et ferma les yeux. Est-ce que ça allait marcher ? Est-ce que cette fois-ci serait la bonne ? Que dirait-on ? Obtiendrait-il enfin la reconnaissance attendue ?
Avait-il enfin réussi à égaler ne serait-ce que le plus petits auteurs ?
Les questions tourbillonnaient dans sa tête à un rythme alarmant. Plusieurs fois, il s’était effondré en larmes, complètement déboussolé, se demandant encore ce qu’il faisait.
En quelques mois, la chose qu’il aimait était devenue la chose la plus stressante, effrayante et insupportable qu’il n’ait jamais connu. Lentement, en se comparant aux autres et en ne voyant plus l’écriture comme ce qu’il aimait faire mais comme un défi insurmontable dans sa quête d’approbation, il avait frisé la folie.
En y repensant, il ne comprenait pas comment tout était arrivé. Comment la simple idée de lire un ouvrage l’avait souvent rendu malade quand il pensait que l’auteur avait été meilleur que lui. Sa vie avait tournée à une simple comparaison constante.
Le tirant de sa rêverie, l’ampoule de sa lampe de bureau se mit à grésiller, la lumière à vaciller avant que celle-ci ne s’éteigne complètement. La pièce alors uniquement éclairée par l’écran de son ordinateur prit une ambiance lugubre.
Il se redressa et entreprit d’envoyer son manuscrit à la maison d’édition. Tout en démarchant il repensa à son texte, se remémora les premières lignes. Celles-ci ne lui plaisaient toujours pas. Tout comme le reste d’ailleurs. Alors, son visage affichant des yeux cernés soulignés par la lumière blanchâtre de l’écran, il appuya sur « Envoyer ».
Au moment où une fenêtre apparut pour l’informer que le message avait été envoyé avec succès, il s’empara de son ordinateur, le ferma, et toutes ses pensées cessèrent.
Bon retour, Lali ! C’est avec plaisir que nous lirons tes prochaines participations, que nous espérons nombreuses ! 😉
Et un, et deux, et trois.
C’est le nombre de brouillons tombés dans la corbeille dans un bruit furtif de froissement. Soudain, tout change. Quelle alchimie, stimulée, peut-être, par l’arome du café, vient inciter Wladimir. Celle-ci entraîne sa main à inscrire quantité de mots sur sa feuille.
Il n’arrête plus. Ses gestes saccadés témoignent de sa nervosité due sans doute, à cette pulsion incontrôlable, celle d’ÉCRIRE !
Venue l’habiter le matin même, celle-ci désormais s’impose à lui. Il n’est plus maître. S’il n’était pas aussi cartésien, il aurait nommé ce nouvel état inconnu, écriture automatique, ou bien grâce, ou autre chose d’indicible. Wladimir, l’écrivant c’est ainsi qu’il se nomme lui-même, lui l’auteur à navets jusqu’à ce jour, sentait déjà que le passé était révolu. Il savait que ces lettres qui noircissaient sa page blanche, devenaient un texte admirable, un texte à couper le souffle, qui ferait de lui un auteur à succès.
Dominique, c’est toujours un plaisir de te lire, ici ou ailleurs ! 😉
Elle pinça ses lèvres pourpre. Pourquoi n’y arrivait-elle pas ?
Munie d’une paire de ciseaux à bout rond, elle s’acharnait sur la couverture cerise et plastifiée d’un roman pour adultes.
Elle n’arriva bien entendu à rien, et partit donc d’un rire mauvais.
« Ces putains d’éditeurs ! » hurlait-elle, le ventre tordu par l’amusement et le plaisir que lui procurait ce mot.
« Éditeurs ». Elle le répétait à mi-voix, s’en délectant comme d’un vin rare.
« Ils s’amusent ! » reprit-elle, hilare, mais bouillonant pourtant d’une ire grandissante.
Si elle se moquait de la situation, la colère la gagnait pourtant petit à petit. Car ces éditeurs étaient des bêtes de foires, des monstres dignes de figurer dans l’un de ces cirques sans scrupules qui exposent leurs trouvailles et les maltraitent.
Oh les bâtards ! Ils avaient osé.
Elle lança un regard meurtrier vers le mur couleur de sang où étaient épinglés des extraits de journaux locaux.
« Une auteur talentueuse découverte ! » annonçait en lettres majuscules le premier, la Revue De Rouille.
« Elle décrit un asile comme si elle en venait ! » déclarait avec légereté le magazine Pommes du Monde et Pommes d’Apis, sans pour autant deviner la véracité de son propos.
« Ses personnages vont vous rendre fous ! » annonçait la Gazette du Soleil, fière de son jeu de mots.
Des flammes dansaient dans le regard de la jeune femme. Elle en voulait terriblement à ces… à ces éditeurs -elle cracha presque ce mot qu’elle chérissait tant. Et pour cause ! Ils l’avaient rendue… célèbre. Et quelle célébrité…
Elle n’en tirait rien. Se cacher, passer à la télé, à la radio, signer des examplaires, répondre à des questions de l’ordre du « Comment vous est venue l’idée de parler d’une sociopathe dand votre premier roman, Allez Tous Crever ? » tout en se retenant d’étrangler ces misérables êtres humains…
Tant de chair tendre qu’elle ne pouvait trancher, de sang frais qu’elle n’avait pas le droit de répendre, sous peine de retourner en hôpital psychatrique.
Et maintenant que les journalistes la surveillaient sans se lasser… C’était définitivement un complot.
Oui, cet imbécile de roux qui venait la voir tous les dimanches durant ses cinq années de détention, muni d’un dossier rouge, et l’exhortait à l’écriture. Ce même idiot qui avait publié sans son accord le livre qui résultait de leurs nombreuses séances… Il s’était joint à la cause, cette secte dressée contre elle, oui. Lui, cette stupide éditrice, ces salauds de journalistes, ces enfoirés de lecteurs. Tous, oui, tous, en avaient contre elle.
Tanpis, elle allait les tuer un par un, lentement, elle allait s’abreuver de leur sang.
Elle secoua en un geste felin sa chevelure flamboyante, et, ajustant ses lunettes sur ses yeux de braises, cessa d’entamer la couverture du roman à coups de ciseaux.
Elle entreprit plutôt de s’ouvrir les veines quand quelqu’un toqua à la porte.
« Entrez ! » vociféra-t-elle.
Ce misérable rouquin osait encore se montrer à elle ! Ah ! L’animal !
« Nous devons discuter marketing, sourit-il.
_Bien sûr, bien sûr… »
Un rictus mauvais anima le visage de la jeune femme tandis qu’elle refermait la porte de bronze, la scellant soigneusement.
Haha! Grinçant à souhait ! Bravo Nour!
C’était un vendredi matin et Julien regardait l’écran de son ordinateur. La page d’un traitement de textes sur laquelle figurait un paragraphe écrit, s’étalait devant ses yeux.
Dans le fond, il savait quoi écrire. Il avait rarement ces épisodes de « page blanche ». Mais, comme à son habitude, il doutait de lui.
Ce n’était pas un de ces doutes qui pousse les gens à voir les choses sur un autre angle et à s’améliorer. Non. Julien doutait de lui même, de sa capacité à produire quoi que ce soit. Et ce genre de doutes, sont capables de noyer une personne dans une mare d’incertitudes et d’absence de volonté. Et c’est ce qui lui arrivait. Il se noyait et n’avait pas la force d’essayer de s’en sortir.
De manière absente, il se leva et alla préparer un café. L’odeur et la chaleur provenant de sa tasse, éveillèrent une certaine émotion en lui et pendant un court instant, il se senti revivre. Des idées affluèrent dans son esprit et l’envie de se remettre à écrire l’envahit.
Il se dépêcha de se rasseoir devant son ordinateur et ses doigts glissèrent sur le clavier, comme s’ils étaient dotés d’une volonté propre, celle de mettre des mots sur les idées qui continuaient d’arriver.
Julien avait sorti la tête de l’eau et commençait à nager, à voir le sol ferme et rempli d’estime de soi se dessiner à l’horizon. Et il se sentait capable de l’atteindre.
Quelques heures plus tard, alors que son estomac cherchait à lui faire comprendre qu’il n’aimait pas rester vide, ses doigts tapèrent sur les touches nécessaires pour mettre un point final. Il venait de rédiger tout un chapitre et il était plutôt content du résultat. Son estomac méritait bien une petite récompense! Tout son corps en méritait une!
Il se mit alors à cuisiner un bon petit plat de pâtes, en chantonnant. Il avait réussi! Il était arrivé sur cette terre d’auto-estime et il s’en portait très bien.
Une assiette bien remplie à la main, il s’installa de nouveau devant son ordinateur et se mit à lire en mangeant. Son texte était brillant! Bien sûr il y avait des petites fautes d’orthographe à corriger, quelques phrases à reformuler un peu mieux, mais dans l’ensemble c’était très bien.
C’est alors qu’il entendit une clef dans la serrure. Maurice, son colocataire rentrait du travail.
– Bonjour Maurice, ta journée s’est bien passée? -demanda Julien allègrement.
– Salut. La routine.
– J’imagine que tu dois être un peut fatigué, mais si tu as un moment, j’aimerais te faire lire le chapitre que je viens d’écrire, dit le jeune écrivain avec un enthousiasme sincère dans la voix, je crois que je tiens quelque chose.
– J’ai pas le temps pour ça, réplica sèchement Maurice, au cas où tu n’aurais pas remarqué, j’ai un vrai travail, moi. Et tu ferais mieux d’en faire de même.
– Mais c’est mon travail d’écrire…
– Oui, selon toi c’est un vrai travail, mais le dernier roman que tu as écrit était un torchon que tu n’as même pas publié, alors rends-toi service et arrête le massacre.
Julien ne répondit plus, il ne pouvait pas. Le sol se dérobait à toute vitesse sous ses pieds et un bourdonnement désagréable attaquait ses oreilles. Il se souvenait de tous les mauvais commentaires. « Écrire c’est pour nuls », « Trouve-toi un vrai travail », « Mon fils, tu devrais laisser tomber les livres », « le dernier roman que tu as écrit était un torchon »…
Et puis le silence, la solitude, la noyade. Les incertitudes, le manque de volonté.
Ah! Voilà ce que tant d’auteurs redoutent. L’impression de toucher le fond… et descendre encore… Heureusement il est possible de s’en sortir ! Bravo!
Merci beaucoup!