Lorsque nous parlons de personnages, nous ne pensons pas toujours aux enfants. Pourtant, ils sont présents et constituent une énigme aux yeux de certains. Comment les comprendre s’ils ne font pas partie de notre environnement et si leurs cris nous sont insupportables ? :wink:
Restez zen, papa blogueur vous apporte quelques pistes et réflexions pour la création des personnages enfants. :smile:
Les enfants sont-ils des personnages comme les autres ?
Voyons, si je le pensais, est-ce que j’écrirais un article sur le sujet ? 😉
Non, les enfants ne sont pas tout à fait des personnages comme les autres. De là à dire qu’ils n’ont rien à voir avec les autres personnages, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Je commencerai donc par dire que la plupart des règles à retenir pour bâtir des personnages crédibles demeurent valables lorsque ces personnages sont des enfants. Ainsi, que votre personnage ait dix, trente ou soixante ans, il est évident qu’il doit avoir sa logique propre, que son portrait peut contenir des contradictions, mais non pas des incohérences, qu’il ne doit pas changer radicalement de façon de parler sans raison, etc.
Cela étant, les enfants comme les adultes sont des êtres complexes, avec plusieurs facettes. Ceux qui vivent matin et soir avec ces créatures savent bien qu’ils sont sujets, davantage que les adultes, à de charmantes ou exaspérantes sautes d’humeur. Il faut donc prendre garde quand on construit un personnage d’enfant, à ne pas le faire d’une seule pièce, sous peine d’en faire plutôt une poupée qu’un enfant vivant.
Ce qu’il ne faut surtout pas faire
L’un des plus dangereux écueils, quand on crée un personnage enfant, c’est de trop s’écarter de la vie. Bien sûr il faut y être attentif également quand il s’agit de personnages adultes, mais l’enfance se prête particulièrement à la caricature. Pensez à la façon dont certaines personnes s’adressent aux enfants : « Tu vas faire dodo avec ton doudou-toutou ? Oh c’est bien ça, de faire dodo avec son doudou-toutou ! »
Attention aux clichés, donc, et au regard mièvre qu’on est parfois tenté de poser sur cet âge. Oui, les enfants sont très mignons, oui, nous les trouvons craquants, mais non, nous ne sommes pas obligés de les décrire comme des anges aussi faux qu’ennuyeux.
Je vous conseillerai donc de bien observer les enfants et/ou de puiser dans vos souvenirs, afin de créer des enfants qui aient l’air d’enfants, qui ne soient ni des adultes en miniature ni de trop innocents chérubins. Bref, attention à ne pas confondre enfance et enfantillages.
Souvenez-vous également que l’enfance n’est pas qu’un « vert paradis », rappelez-vous que c’est souvent un temps riche en peurs et en cauchemars de toutes sortes. C’est aussi un temps de rêves et d’espoirs que vous pouvez utiliser pour brosser un portrait qui soit crédible.
Quelques points à retenir pour créer un personnage enfant
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Les enfants parlent… comme des enfants
Comme tous les personnages, les enfants vont se révéler par leurs actions, et notamment par ce type d’action qui nous révèle tout particulièrement : la parole. Soyez attentifs à celle de vos personnages enfants. Ne leur donnez pas trop de vocabulaire, mais ne tombez pas non plus dans l’excès inverse. Vous pouvez penser à un livre comme Le Petit Prince : le personnage principal, qui est un enfant, n’emploie pas une syntaxe très compliquée ni des mots très rares, mais il ne parle pas non plus comme un demeuré. Répétez à haute voix les dialogues, il faut qu’ils « sonnent » juste. Établissez même une liste des mots personnels à l’enfant.
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Les enfants ne savent pas tout
Le même principe de réalisme peut vous guider pour ce qui concerne le savoir de votre personnage. À moins que vous ne campiez un petit génie, prenez garde à ne pas lui attribuer trop de connaissances. En cas de doute, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil aux programmes scolaires pour vous faire une idée de ce qu’on sait à sept ou neuf ans : la compréhension des problèmes géopolitiques, la connaissance intime des théories de Freud ou la capacité à parler latin couramment sont assez rares à dix ans et demi ! Ce n’est d’ailleurs pas qu’une question de savoir, mais aussi de compréhension : un enfant « normal » n’a tout simplement pas la maturité requise pour appréhender certains problèmes… et encore moins pour en parler doctement.
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Les enfants imitent
L’enfance est un âge où l’on se construit, notamment, par mimétisme. C’est dire que les enfants vont avoir tendance à imiter les adultes et à s’imiter les uns les autres. Ils sont généralement impressionnables et influençables. Vous pouvez en tirer parti en attribuant à votre personnage une passion dont il parlera volontiers, qu’il s’agisse de petites voitures, de Lego, ou de trains électriques. N’en faites cependant pas trop, à moins que toute votre histoire ne soit centrée sur le monde de l’enfance. Si le personnage enfant ne joue qu’un rôle secondaire, il est inutile de lui faire tenir trop de place. Je dirais volontiers que l’enfance ne devient vraiment intéressante que si on l’approfondit (et que par conséquent si l’on n’a pas cette intention, il vaut mieux ne pas accorder un rôle trop important aux personnages enfants).
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Les enfants ont un monde imaginaire souvent plus riche et plus développé que celui des adultes
Les enfants ont généralement plus de mal que les adultes à voir la frontière entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Et même quand ils ont l’âge de la voir, ils conservent le goût de la franchir… ce qui leur fait un point commun avec les romanciers. « On disait que j’étais le docteur et toi le malade » : les jeux d’enfants ressemblent souvent à de petits romans. Votre personnage enfant n’est pas obligé d’avoir des amis imaginaires et son propre « Pays des merveilles », mais il ne doit pas non plus avoir que des préoccupations matérielles.
Ce sont sur ces mots que je termine l’article. Ces quelques pistes permettront de mettre en ébullition votre réflexion sur le sujet et de poser quelques bases sur la création de nos petits bambins.
Si vous avez des questions, des pistes ou des idées à partager, faites-le. C’est un ordre ! :wink:
Écrit par : Manuel .G
Bonjour je suis tombée sur votre article, je suis en train de créée un bébé qui vient de naître et je cherche pas mal d’idée bien que pour tout ce qui concerne les 0 à 4 ans je connais mais pas pour les plus âgés… je cherche donc des pistes si vous avez des idées je suis preneuses.
vous écriver a « l’aide » et votre personnage vou aide mdrii :*)
Badaboum! et il se casse la figure dans les escaliers? 🙂
Bonjour Manuel,
J’ai découvert ton blog et ton forum aujourd’hui. Je me suis inscrite 😉
Cet article arrive au bon moment car j’écris un nouveau roman (mon 2ème) et je sais que je dois encore beaucoup progresser.
Dans ce nouveau roman mon personnage principal est justement un enfant de 13 ans, et depuis quelques jours je restais un peu bloquée sur le déroulement de mon histoire.
Je vais donc pouvoir mettre en pratique ce que j’ai appris dans les quelques articles que je viens de lire (comme les fiches par ex.).
En tout cas, je garderai à l’esprit de rester dans la peau d’un enfant de 13 ans pour ne pas commettre l’erreur de le rendre trop « adulte » 😉
Amicalement,
Nicole
PS : @Vicodine, @zoozoo, @Percovit, @katty
Vous écrivez : Pan ! et votre personnage est mort
ou encore : Plouf ! et votre personnage se noie
ou même : Boum ! et il explose
D’autre idées ? 😉
Peut-être avec une musique spécifique en fond? Oui, c’est une bonne question…
Moi aussi je me pose la question !
Moi aussi, je me pose l
Moi, j’aimerais bien savoir comment on doit s’y prendre pour faire mourir ses personnages …
Bonsoir Manuel,
Moi qui bosse avec des enfants, je trouve que tu traites des aspects essentiels de leur fonctionnement, auquel je rajouterais l’espièglerie et la capacité à désarçonner les adultes par leurs remarques innocentes ou criantes de vérité 😉
Quoi qu’il en soit, je n’ai pas encore créé de personnages enfants et ton article me donne des idées !
Jérémie
Salut Jérémie,
Tu aimes les défis ?
Salut Manuel,
Et bien oui, pourquoi pas ? 😉
Ca me fait penser à Ender et Alvin, les personnages d’Orson Scott Card qui sont enfants dans le premier tome de leur cycle respectif. Ender paraît vraiment adulte même si on sent sa fragilité, mais Alvin a vraiment un côté enfant innocent et farceur.
Je pense que c’est bonne une source d’inspiration.
Que dirais-tu d’écrire un article invité sur le sujet ? Bien sûr, différemment.
A toi de voir la manière à laquelle tu veux l’aborder. Carte blanche 😉
Tu connais déjà les avantages des articles invités, des deux côtés.
Qu’en dis-tu ?
Salut Manuel,
Je trouve que c’est une bonne idée et je comprends bien l’intérêt ! Je vais réfléchir à ce que je peux te proposer et je te tiens au courant.
Bonne fin de semaine,
Jérémie
Sympa ce petit article, qui tombe a pic pour moi car mon histoire comporte justement quelques enfants. Le début de l’article me perturbe un peu car mon « roman » se passe dans les années 1800-1850, et du coup faut que je m’adapte aussi a ça. Comment parlaient les enfants à cette époque? Par exemple, disaient-ils plutôt mère ou déjà maman? Les différentes époques et éducations façonne aussi beaucoup un enfant.
Mais je pense qu’au fond les mimiques restent les mêmes…
En tout cas cela m’a beaucoup aidé!
Bien sûr, les époques influencent les comportements, les visions, les « vérités »… etc
Il faut s’adapter et exploiter en fonction de l’époque et des conditions.
Bien à toi, Thaliemma.
Je ne connais pas l’âge des enfants que tu comptes mettre en scène mais si ce sont des adolescents ils doivent déjà parler comme des adultes. Pour connaître le vocabulaire familier de ce temps-là je te conseille l’Assommoir de Zola. Pour répondre à ta question, je pense qu’ils disaient plutôt « mère » sauf quelques enfants indisciplinés…
Bonne chance !
Très intéressant cet article. C’est vrai que l’on pense peu aux enfants quand on évoque la création de personnages.
La littérature nous a livré de beaux personnages enfants. J’ai un faible pour le talent de Mark Twain. J’ai de grands souvenirs de Huckleberry Finn et de Tom Sawyer mais il y a plus récent !
J’ai aussi beaucoup aimé le personnage de JIM (onze ans) du roman l’Empire du soleil de James Graham Ballard.
La plus grosse difficulté pour l’auteur, c’est toujours de trouver le ton juste. Mais c’est vrai pour tous les personnages.
En tout cas, Manuel, c’est intéressant d’évoquer le sujet.
Bien à toi
Bonjour Marie-Adrienne,
Merci de ton commentaire.
Je ne connaissais pas ton site, je vais y faire un tour.
Bien à toi.
Je viens de lire « La vie devant soi » de Romain Gary (publié à l’époque sous le pseudo d’Emile Ajar). Le narrateur est justement un enfant de 10 ans, qui ne suit pas une scolarité normale, c’est le moins qu’on puisse dire.
Ce livre est excellent non seulement pour l’histoire mais justement pour le sujet de cet article: le point de vue de l’enfant, son vocabulaire, sa maturité et sa compréhension des événements.
Inspirant pour la création de personnages enfants!
Merci pour la référence, Jule.
Ce sujet est très intéressant, j’attendais sa venue avec impatience, étant dans un endroit de mon roman où j’évoque la venue d’une enfant de dix ans. Mais ce qui me perturbe, c’est que vous ne parlez que d’enfants normales dans un monde normal.
Un enfant qui n’aurait pas suivi une scolarité normale et qui a vécu toute sa vie à l’écart du monde parmi une communauté de gens matures, il aura forcément des points divergents à ceux évoqués dans le texte.
Je parle même pas du fait si c’est un enfant d’une autre race…
Enfin voilà, il me semblait que c’était des points à mettre en relief, car vos enfants me semblent justement manquer de fantaisies dans le sens où ils ne sont que…des enfants que l’on peut croiser tous les jours et qu’une grande partie de l’enfance d’un point de vue fantasy semble avoir été oublié.
Mais excellent article sur le sujet d’un enfant réaliste!
Merci pour le commentaire Marie,
L’article aborde, en effet, les enfants « réalistes » (comprendre ceux que l’on retrouve dans la vie de tous les jours.)
Selon moi, ce sera le cas le plus abordé.
D’autres articles pour des points spécifiques sont prévus, afin de ne pas tout mélanger (comme vos explications :wink:)
A bientôt !