— Bonjour, tout le monde !
— Salut, Magali ! Tu as retrouvé le sourire, à ce que je vois.
— Oui, je me réjouis du thème du jour.
— J’ai hâte de le découvrir. On t’écoute.
— Chers Scribouillards, aujourd’hui, vous allez nous décrire un royaume où les codes classiques sont bouleversés. On reste dans le thème de l’enfance, mais, cette fois, les princesses sont vilaines, les dragons sont des chevaliers-servants, les princes sont enfermés dans de hautes tours…
— Finie, la théorie des genres….
— L’objectif, c’est surtout de placer les personnages clés (gentil/méchant/victime/sauveteur/aide…) en leur donnant une apparence à l’opposé de ce qu’ils sont dans la majorité des contes.
— Il y a du potentiel !
— Oui, et je compte sur nos participants pour nous faire entrevoir l’originalité de « La folle histoire de Muse. »
— Super ! C’est à vous, les copains !
— Je suis contente que Muse ait son moment de gloire, elle aussi.
— Oui, pas la peine de créer des jalousies… Si Muse et Plume veulent continuer de produire ensemble, il faut qu’elles se sentent reconnues !
— Et nous ?
— Rassure-toi, Gaëlle, le prochain numéro devrait te plaire. En attendant, laissons nos écrivains en herbe s’essayer à l’exercice du jour.
J’adore ! Mais tu aurais pu glisser Muse quelque part ? hihihi ! Bonne nuit les petits !
Il était une fois, une très jolie sorcière prénommée Léontine.
Elle vivait dans un très grand château, situé sur une très verte colline.
Ses parents avaient fait fortune grâce à la manipulation génétique des pommiers des environs qui ne produisaient plus que des pommes empoisonnées.
Elle avait également un jeune frère, lui aussi très beau.
Aujourd’hui, Léontine avait revêtu sa plus belle robe, ses parents avaient organisé un grand bal pour ses 16 ans.
Bien évidemment, cette soirée était très importante pour elle. Elle espérait y rencontrer le sorcier de ses rêves et recevoir une licorne violette.
Les bougies des chandeliers étaient toutes allumées. La salle de bal était bien décorée. Les plats regorgeaient de délicieuses victuailles, et aucune pomme n’avait été préparée. Tous les habitants du village avaient été conviés.
Parmi eux, Bernard était un très joli garçon avec de superbes yeux très clairs et très bleus et bien sûr il était blond, grand et fort.
Il était venu, accompagné de sa meilleure amie, la jeune Mariette, très complexée par une étrange verrue posée sur son nez.
Dans le village tout le monde aimait bien Mariette car elle aidait souvent les autres et maniait très bien l’épée magique.
Au moment de lancer les festivités, une rumeur parcouru la salle. Le jeune frère de Léontine n’était pas là.
Un villageois l’avait croisé chevauchant fièrement une licorne violette en se rendant au combat d’épée magique organisé dans la forêt interdite.
La plupart des villageois craignait la forêt interdite, mais pas Bernard et Mariette qui avaient hésité à y aller.
Ils proposèrent donc que tout le monde y aille et que le délicieux repas soit emporté là-bas. Léontine accepta.
Le chemin était en terre et les bottines furent rapidement crottées. Mais les invités, plus à l’aise que dans un château, plaisantèrent beaucoup et l’ambiance s’allégea. Léontine riait beaucoup et jetait de temps en temps de curieux regard charmeur à Bernard.
Les invités arrivèrent pour la fin des combats. Le frère de Léontine avait perdu et aurait finalement préféré manger au château…
De plus, pour avoir emprunté le cadeau de sa sœur et être parti sans prévenir, il fut contraint de ne pas manger tout de suite et de prendre un cours d’épée avec Mariette. Elle fut enchantée de lui donner quelques astuces.
Bernard fut fasciné par la licorne violette. Il n’en avait jamais vu d’aussi belle.
Léontine le rejoignit en espérant recevoir un baiser.
Cependant, elle se ravisa rapidement, il ne pouvait pas être le sorcier de ses rêves car il avait une très mauvaise haleine…
Joli inversion des codes Nadège ! Merci de ta participation, mais où est Muse?
Une grand-mère pas si cool et un loup pas si méchant, ça vous tente ? OK, voici un petit texte qui date un peu, mais qui devrait rentrer à peu près dans le sujet. Pas avance, désolée…
LE PETIT CHAPERON ROUGE
Il était une fois une petite fille qui s’habillait toujours d’une longue cape verte. Son accoutrement lui valut le surnom de « Petit Chaperon Rouge » par les habitants de la contrée, tous atteints de daltonisme. Mais en fait, elle se prénommait Cunégonde.
Par un beau matin, comme toujours (ben, il fait toujours beau dans les contes), Cunégonde décida de sortir au lieu de rester pour réviser son bac qu’elle devait passer pour la quatrième fois. C’est qu’elle n’était pas fufute, la Cunégonde.
Comme tous les villageois étaient bien polis, elle mit une plombe à traverser le patelin car chacun y allait de son petit bonjour ou de sa prise de nouvelles hypocrite. Elle croisa ainsi Blanche-Neige qui vendait ses pommes, Schrek et Fiona qui se rendaient au club de fitness pour perdre du gras, Pinocchio qui achetait du produit anti-termite et toute une ribambelle de Schtroumpfs qui passait par là, on ne sait pas pourquoi mais on s’en fout. Leur taille réduite fit que Cunégonde marcha dedans.
― Oh non, merde ! Mes groles toutes neuves !
Elle frotta ses semelles sur le bord du trottoir pour désincruster la bouillie bleue. C’est que ça tache, ces machins-là.
Alors qu’elle passait devant Mammouth, Cunégonde eut, une fois n’est pas coutume, une idée de génie.
« Et si je rendais visite à mère-gros ? » se dit-elle.
Ça faisait un bail qu’elle n’avait pas vue son aïeule, surnommée mère-gros en raison de sa surcharge pondérale.
Ni une, ni deux, elle fonça au supermarché faire quelques emplettes, vu que ça ne se faisait pas de débouler les mains vides. Cunégonde emplit son pochon en plastique recyclé de tout plein de bonnes choses qui feraient tant plaisir à mère-gros : du pâté Hénaff, une tourte aux fruits de mer, des saucisses de Francfort et surtout, une bouteille de Calva 15 ans d’âge. Passée en caisse, elle prit la direction de la forêt (pas l’agence immobilière, le bois).
En chemin, elle cueillit des fleurs et des myrtilles, mais tout le monde s’en tape. C’est alors qu’elle fit la connaissance d’un putois, nommé Pépé. Il vivait reclus dans les bois, mort de honte depuis qu’il avait confondu une chatte de gouttière pleine de peinture avec une femelle de son espèce. Cunégonde et Pépé se mirent à discuter, se trouvèrent des tas de points communs (comme une odeur corporelle assez marquée) et finalement devinrent potes.
Tout le monde suit toujours ?
Bref, tout ça pour dire qu’ils continuèrent le chemin ensemble, chantant, riant, sautillant comme des cabris (sont toujours un peu concons dans les contes). Ils arrivèrent enfin devant la maisonnette de mère-gros et Cunégonde tira la bobinette (ou la chevillette, je sais plus) qui cherra. Au son de la clochette, mère-gros dévala l’escalier quatre à quatre avec la grâce d’un hippopotame obèse, ce qui eut pour effet de faire trembler toute la structure de la baraque dans un grondement de tonnerre, bruit qui fit fuir la plupart des bestioles des bois. C’est ainsi que Bambi déboula devant un semi-remorque et se fit aplatir, mais c’est une autre histoire. Revenons à nos moutons.
― C’est pour quoi ? gronda la grosse voix derrière la porte. Si c’est encore les témoins de Jéhovah, ça va péter !
― Coucou mère-gros, c’est moi Cunégonde !
La porte s’ouvrit en grand sur une mère-gros tout sourire.
― Oh, ma choupinette ! Que je suis contente de te voir ! Entre !
Cunégonde ne se fit pas prier, mais Pépé resta dehors, rapport avec son déo qui l’avait lâché.
La fillette déposa son sac sur la table de la cuisine et présenta à la mamie tous les beaux mets qu’elle voyait en rêve mais qu’elle n’avait pas commandés dans ses petits souliers.
― Miam !
La grosse mémé se jeta comme une morfale sur les succulents petits plats et s’envoya le tout en deux temps, trois mouvements. Pour finir, elle se rinça la dalle avec le calva et torcha la bouteille.
― Je t’ai aussi apporté des fleurs, mère-gros !
― Miam ! Bouaffe ! Bouffr ! Burp ! Que c’est gentil, ma mignonne. Très bonne, ta gnôle.
― Dis mère-gros, j’aurai un petit service à te demander…
― Vas-y ma grande.
― Ben, c’est rapport au grand méchant loup exhibitionniste qui me harcèle à la sortie du lycée… Si tu pouvais demander à ton pote, le flic à la retraite…
Mère-gros éclata de rire. Son ventre tressautait d’hilarité sans que Cunégonde ne comprenne la raison de cette explosion de joie soudaine. Ah, oui… l’alcool.
― Tu veux… hips ! Un service… hips !
C’est que ces quelques victuailles lui avaient ouvert l’appétit. Sans un mot, sans explication, mère-gros se jeta sur le Petit Chaperon Rouge et l’avala d’une bouchée. Engluée dans le bol gastrique de mère-gros, Cunégonde se noya dans d’atroces souffrances.
Pépé, qui matait par la fenêtre, hurla devant l’horreur du spectacle.
― Cunégonde ! Noooooon !
Le grand méchant loup qui passait par là par hasard (c’est ce qu’il voulait faire croire, mais en fait il suivait la délicieuse enfant depuis le début, des idées inavouables entre les oreilles), s’approcha de Pépé.
― Keskisspasse ?
Le putois puant lui désigna la fenêtre.
― Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu !
Le canidé dut balancer une baffe magistrale au putois afin que ce dernier reprenne ses esprits.
― La grosse mémé ! Elle l’a bouffée !
Le grand méchant loup, pas si méchant en fait, mais plutôt mou du bulbe, n’écouta que son courage. Il se rua à travers la fenêtre qui explosa sous l’impact, envoyant des centaines de poignards de verre dans toutes les directions. Il fit un roulé-boulé sur le carrelage de la cuisine avant de se jeter sur mémé. D’un coup de croc acéré et carié, il ouvrit l’énorme bide de mère-gros qui vida son contenu sur le sol préalablement lavé à grand coup de Monsieur Propre. Pépé et le loup trouvèrent au milieu des déchets stomacaux la pauvre Cunégonde, à demi rongée par l’acidité de l’estomac et accessoirement la gnôle premier prix du supermarché.
Moralité : Si tu veux faire de vieux os, évite d’apporter de la gnôle frelatée à mère-gros.
Au dodo les enfants, faites de beaux rêves.
J’adore ! Mais tu aurais pu glisser Muse quelque part ? hihihi ! Bonne nuit les petits !