Aujourd’hui, c’est avec plaisir que je vous présente un article d’Eric Galland. Vous en découvrirez plus, sous peu, sur ce fameux personnage aux multiples talents. En attendant, je vous suggère de parcourir son article sur une question très fréquente dans l’écriture d’un roman : combien de chapitres pour son roman ?

Julien a entrepris d’écrire un roman fantastique. Il s’est lancé courageusement, avec plein d’idées en tête, avec de la télépathie et de la magie. Mais très vite il s’angoisse : il ne sait pas quand il doit finir son chapitre. Son premier fait une quinzaine de pages… Au bout de dix pages du deuxième, il commence à peiner. Il ne manque pas d’idée pour la suite, mais il se sent obligé de le remplir pour qu’il fasse la même taille. Et inversement, au cinquième, la fin du chapitre arrive bien vite alors qu’il aimerait le continuer…

Il ambitionne de faire lire son livre à beaucoup de monde, voire de se faire publier. Ce qui lui manque, c’est un moyen infaillible pour donner la taille idéale aux chapitres, pour écrire une histoire rythmée et dense, qui garde le lecteur en haleine.

Cet article va vous montrer comment bien découper les chapitres.

Le chapitre est un découpage de présentation

On ne lit pas un livre comme on regarde un film de cinéma. Le roman peut être très long (plusieurs centaines de pages) et le lecteur peut le fermer pour le reprendre plus tard.
Les chapitres sont moins importants que dans les livres intellectuels ou les livres pratiques : quand on ouvre une thèse, un livre juridique ou un manuel d’utilisation, les chapitres permettent de retrouver rapidement l’information qu’on cherche. Le roman, lui, doit être pris du début – à moins qu’un résumé de ce qui précède soit fourni à chaque chapitre.

Les chapitres scandent le roman et sont autant de portes pour entrer et sortir. Le lecteur a donc besoin à la fois d’une petite fin pour pouvoir fermer le livre, et d’un « petit goût de revenez-y » pour le reprendre. L’auteur propose ainsi un rythme de lecture.

Quand on découpe quelque chose, il faut avoir une idée de la quantité à diviser. Les professionnels du cinéma ont une très bonne expérience dans le domaine.

Le nombre d’or des scénaristes

Les scénaristes et les producteurs de cinéma le savent bien : il faut un certain nombre de scènes pour écrire une histoire complète, pour faire un long métrage. C’est un peu le « Nombre d’Or » des auteurs.

Il ne s’agit pas seulement d’une « recette », ni d’un nombre arbitraire. Ce Nombre d’Or est directement tiré du processus du récit. Il a été confirmé par les décennies de pratique et les milliers de films qui sortent chaque année.

Ce Nombre d’Or des scénaristes, qui représente un minimum de scènes nécessaires pour raconter une histoire, est légèrement supérieur à 50.

Bien sûr, un film peut contenir plusieurs histoires imbriquées (il aura donc plus de scènes). Et un film ne contient pas nécessairement une histoire complète (c’est le cas des courts métrages).

Le but n’est pas ici de dire comment utiliser ce nombre. Écrire un roman n’a pas les mêmes contraintes qu’un film d’une heure trente. Il n’a pas non plus les mêmes limites qu’une bande dessinée de 46 pages.

Mais il y a bien une certaine quantité objective à fournir, quand on écrit une histoire ; cette quantité est directement tirée du processus même de l’histoire. C’est important de l’avoir en tête pour bien découper son roman : il faut d’abord fournir une certaine matière (l’histoire) avant de la découper (en chapitres).

Chef ! Oui, Chef !

En cuisine, c’est une chose de préparer un plat ; c’en est une autre de le présenter. Construire son roman, c’est mélanger les ingrédients. Découper son roman en chapitres, c’est dresser l’assiette.

Il faut donc distinguer la structure du récit, du découpage qu’on propose au lecteur. Le Nombre d’Or concerne le plan et les scènes ; pas les chapitres ! Comme vous le savez, les chapitres sont les portes d’entrée ouvertes par l’auteur. C’est une sorte de couche supplémentaire à l’histoire.

Ce qui permet déjà de dégager deux conclusions :

— un roman peut avoir autant de chapitres qu’on veut ;
— pour bien découper son roman… il faut d’abord l’avoir écrit en entier !

Mon roman pour un chapon, ou comment donner le rythme

Au premier janvier, ça n’a pas manqué : j’ai dû découper le chapon. Si j’avais laissé faire mon beau-père, on aurait eu une surprise : il aurait probablement fait des tranches égales, comme pour un rôti… Au contraire, quand on découpe une volaille, on détache les ailes, les pattes… en suivant les articulations. Non seulement c’est plus facile, mais surtout ça présente mieux !

C’est pareil pour votre roman.

S’il est bien constitué, il a des articulations naturelles. À commencer par les scènes, qui en sont les éléments premiers. Mieux vaut en tenir compte pour déterminer ses chapitres !

chapitres roman

 

Après, l’auteur a une grande latitude.
Un chapitre peut contenir plusieurs scènes. Il peut être très court. Très long. Être numéroté, titré, agrémenté d’une citation, d’un résumé, etc. Tant que les grandes articulations du récit sont préservées et que la coupure s’arrête à la fin d’une scène, le lecteur goûtera mieux votre chapitre. Il se sentira plus libre de fermer le livre temporairement.

Vous lui donnerez un rythme de lecture. Ce rythme n’est pas tout à fait le même que celui du plan de l’histoire. Ils peuvent battre en même temps. Mais vous pouvez très bien les décaler pour créer des attentes…

Les étapes pour bien découper vos chapitres :

1. structurez et écrivez votre récit sans penser aux chapitres : faites votre cuisine interne pour que votre histoire se tienne ;
2. dégagez les grands axes et les principales articulations de votre histoire, en notant les moments plus segmentés et indépendants et ceux qui demandent d’être lus d’une traite ;
3. décidez du découpage en chapitre, en vous mettant à la place de votre lecteur : qu’il ait la sensation de finir une vraie partie à la fin du chapitre, et d’en commencer une au début du suivant. Ce qui est rendu possible en coupant aux articulations ;
4. Un chapitre peut contenir plusieurs scènes, mais veillez à bien couper à la fin d’une scène ;
5. numérotez-les, donnez-leur un titre, si le cœur vous en dit. Vous pouvez vous amuser (numéroter dans le sens inverse, faire des titres de chapitres décalés…), mais la sobriété est souvent plus efficace : il faut préserver le sens avant tout !
6. À la fin du chapitre, insérez éventuellement un cliffhanger. C’est-à-dire une petite scène qui relance l’attention, donnant un avant-goût de la suite. Le lecteur qui ferme le livre le gardera plus facilement à portée de main !

Témoignez de votre expérience de lecteur

Et vous : quand vous lisez un roman, faites-vous attention aux chapitres, ou fermez-vous le livre n’importe où ? Préférez-vous quand il y a un titre ? Faites-vous attention à la citation qui l’accompagne parfois ?

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Article et dessins : Eric Galland